L'ingénieur accusé d'avoir collaboré avec Friedrich Tinner et ses deux fils a été acquitté mercredi à Bellinzone par le Tribunal pénal fédéral (TPF). Il recevra une indemnisation de 35'000 francs et la Confédération assume les frais de procédure. Pour le TPF, il n'a pas favorisé la fabrication d'armes nucléaires.
Le Ministère public de la Confédération (MPC) lui reprochait d'avoir développé un système de commande de centrifugeuses destinées à l'enrichissement d'uranium. Pour cette activité, le sexagénaire a déjà été condamné par ordonnance pénale du MPC à 120 jours-amende à 250 francs avec sursis ainsi qu'à une amende de 6000 francs.
En raison de son opposition à la sanction, l'accusation a été soumise au TPF. L'ingénieur a une nouvelle fois affirmé avoir été persuadé que le système qu'il développait, conçu pour la commande individualisée de centrifugeuses, était destiné à des fins civiles et non militaires.
Selon l'ordonnance pénale du MPC, il a développé son système de commande des centrifugeuses dès janvier 2003. En octobre de la même année, le cargo "BBC China" avait été arraisonné par la police italienne alors qu'il naviguait à destination des côtes libyennes.
L'interception du cargo, qui transportait des éléments destinés à la fabrication de technologie nucléaire, avait signifié la fin du programme nucléaire libyen. Quelques mois plus tard, en 2004, l'affaire Tinner éclatait en Suisse avec l'arrestation des deux frères Urs et Marco.
En septembre 2012, le TPF a reconnu Friedrich Tinner et ses deux fils coupables d'avoir travaillé avec Abdul Qader Khan, le père de la bombe atomique pakistanaise, connu pour avoir vendu ses secrets à l'Iran et à la Corée du Nord avant que son réseau clandestin ne soit démantelé.
Ce verdict n'a pas dissipé de nombreuses zones d'ombre, notamment celles qui entourent la collaboration de la famille Tinner avec la CIA. Le jugement concernant l'ingénieur saint-gallois devrait être rendu mercredi dans la soirée.