Le consortium international chargé des gigantesques travaux d'agrandissement du Canal de Panama menace d'interrompre le chantier. Il réclame un paiement supplémentaire de 1,6 milliard de dollars (1,45 milliard de francs).
C'est sous le signe de la discorde que débute l'année du centenaire de cette voie interocéanique de 80 kilomètres par laquelle transite 5% du commerce maritime mondial. Le constructeur espagnol Sacyr, qui dirige le consortium GUPC, a indiqué qu'il procéderait à la suspension des travaux si l'Autorité du canal de Panama (ACP) ne couvre pas "les surcoûts" survenus sur le chantier.
GUPC, formé également par la firme italienne Impregilo, la belge Jan de Nul et la panaméenne Constructora Urbana, a dénoncé mercredi "les graves problèmes financiers qui affectent le projet", attribuant leur responsabilité à l'ACP et expliquant lui avoir fixé un ultimatum de trois semaines pour les régler.
L'administrateur du canal Jorge Quijano a rejeté cette demande le même jour, affirmant qu'elle était destinée "uniquement à nous forcer à négocier hors des termes du contrat". Sacyr est revenu à la charge jeudi en dénonçant des "manquements graves" au contrat de la part de l'ACP.
Le surcoût est considérable, par rapport au montant total de 3,2 milliards de dollars du contrat, remporté en 2009 par le consortium. Une somme astronomique que GUPC attribue notamment à l"'inexactitude de l'information fournie au consortium" par l'ACP.
"Il s'agit de coûts imprévus, qui sont apparus très nombreux et variés, au cours de ces travaux gigantesques", a expliqué un porte-parole de Sacyr. "Il s'agit de sujets techniques, de composantes du ciment, de questions géotechniques, géologiques, d'impôts, de taxes, de questions économiques, en relation avec les employés, de questions climatologiques", a-t-il énuméré.
Avec le percement d'une troisième voie d'eau, l'élévation du niveau du lac Gatun, l'élargissement des voies d'accès, le creusement du lit du canal et la construction de nouvelles écluses, le projet vise à permettre le passage de navires transportant jusqu'à 12'000 conteneurs, le triple de la charge actuelle.
La fin des travaux, d'abord prévue pour octobre 2014, a été reportée à 2015.