Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un plan d'aide de 17 milliards de dollars sur deux ans en faveur de l'Ukraine, tout en reconnaissant les "risques" liés notamment à l'insurrection prorusse dans l'Est. Un premier prêt de 3,2 milliards de dollars a ainsi été débloqué.
"Une action urgente était nécessaire", a assuré la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, à l'issue d'une réunion du conseil d'administration du FMI, qui représente ses 188 Etats membres. Le Fonds envisageait jusqu'ici un plan d'aide compris entre 14 et 18 milliards.
Le feu vert du conseil d'administration devrait ouvrir la voie à d'autres donateurs (Union européenne, Banque mondiale, etc.) afin de parvenir à un plan de sauvetage global de 27 milliards de dollars. Les prochains prêts du FMI ne seront toutefois débloqués que par étapes et à la condition que Kiev applique un programme d'économies drastique censé, selon le Fonds, poser les bases d'une croissance "durable" tout en protégeant les "plus vulnérables".
"Il y a des risques liés à la mise en oeuvre" de ce programme, a reconnu Mme Lagarde, évoquant notamment les tensions "géopolitiques" entre Kiev et Moscou. Selon la dirigeante du Fonds, les menaces qui pèsent sur le programme d'aide tiennent également à la situation politique à l'intérieur du pays.
Les autorités intérimaires à Kiev, qui avaient appelé l'institution à l'aide début mars, ont déjà donné des gages de bonne volonté en annonçant une baisse des subventions énergétiques - qui se traduira par une hausse de 50% des prix du gaz -, mesure réclamée de longue date par le Fonds.
Mais une élection présidentielle est prévue pour le 25 mai et les décisions impopulaires réclamées par le FMI risquent de mal passer dans l'opinion. La tâche s'annonce d'autant plus ardue que l'économie ukrainienne devrait se contracter de 5% cette année selon le Fonds alors qu'une récession d'environ 4% était jusque-là attendue. La croissance devrait repartir (+2%) dès 2015.
Le passif du pays avec le FMI ne plaide par ailleurs pas en sa faveur. Les deux précédentes lignes de crédit accordées à l'Ukraine (16,4 milliards en 2008 et 15,1 milliards en 2010) avaient été interrompues face au refus des autorités de mettre en oeuvre des réformes impopulaires. Cinq des 17 milliards annoncés mercredi devront d'ailleurs être utilisés par Kiev pour rembourser le FMI.