Le Ministère public genevois a ouvert jeudi une enquête pénale pour blanchiment d'argent aggravé contre Viktor Ianoukovitch et son fils Alexandre. La Suisse gèle par ailleurs dès vendredi les avoirs et ressources économiques du président ukrainien déchu et de dix-neuf autres responsables, dont onze anciens ministres.
Le premier procureur genevois Yves Bertossa et la brigade financière de la police judiciaire ont perquisitionné vendredi les locaux d'une société détenue par le fils du président ukrainien déchu.
Les autorités ont emporté des documents, a indiqué le Ministère publicdans un communiqué. Il ne fera aucun commentaire supplémentaire pour l'heure, précise-t-il.
Selon l'AFP, Alexandre Ianoukovitch, dont la fortune est estimée à plus de 500 millions de dollars, possède à Genève la société de négoce Mako Trading, spécialisée dans la vente du charbon ukrainien.
Le blocage des fonds décidé mercredi par le Conseil fédéral s'adresse aussi au fils de Viktor Ianoukovitch. Parmi les ex-ministres visés, se trouvent notamment les deux anciens Premiers ministres Serhiy Arbuzov et Mykola Azarov, des finances Yuriy Kolobov, et des infrastructures Borys Kolesnikov.
Par cette décision, le Conseil fédéral veut éviter tout retrait de Suisse ou détournement des fonds publics ukrainiens. Il a par ailleurs interdit la vente et toute autre aliénation des biens, notamment immobiliers, propriété de ces personnes.
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) peut, exceptionnellement, prélever des fonds sur des comptes bloqués, autoriser des transferts de biens gelés et le déblocage de ressources économiques gelées afin de préserver les intérêts suisses ou pour prévenir les cas de rigueur. Il doit consulter auparavant le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) et le Département des finances (DFF).
S’il devait s’avérer que les avoirs sont effectivement d’origine illicite, ils pourront être restitués à l’Ukraine, poursuit aussi le Conseil fédéral. Mais il faudra d'abord que l’ancien dirigeant et son entourage soient condamnés pénalement. La Suisse se dit prête à collaborer de manière étroite avec les autorités ukrainiennes afin d’atteindre cet objectif le plus rapidement possible.