La Lettonie est devenue mardi à minuit le 18e membre de la zone euro, malgré de fortes réticences de la population. Quinze ans après le lancement de l'euro en 1999, quelque 333 millions d'Européens utilisent ainsi la même monnaie.
Avec les feux d'artifice saluant à minuit l'arrivée du Nouvel An, les Lettons ont dit adieu à leur devise nationale, le lats introduit en 1993 pour remplacer le rouble de l'ère soviétique.
Les Lettons craignent une flambée des prix. Selon un sondage effectué en décembre par l'institut SKS, 25% approuvent le passage à l'euro et 50% sont contre. Les autres restent indécis ou sans opinion.
Le lats est "quelque chose qui fait partie de notre identité, et on l'abandonne. C'est triste", a dit à l'AFP Aija Brikmane, une jeune femme déjà nostalgique. Elle tient un stand de produits d'artisanat sur le marché de Noël installé au coeur de la vieille ville de Riga jusqu'aux fêtes du Noël orthodoxe le 7 janvier.
Le Premier ministre Dombrovskis a fait valoir que l'adhésion à l'euro aiderait l'économie lettone en facilitant les échanges et en renforçant la confiance des investisseurs.
La Lettonie, qui compte 2 millions d'habitants, est le deuxième pays balte et le quatrième pays ex-communiste de l'Europe centrale et orientale à adopter la monnaie commune. Elle a été précédée la Slovénie en 2007, la Slovaquie en 2009 et l'Estonie en 2011.
Le pays avait espéré adhérer à l'euro dès 2008, mais la crise mondiale a balayé cet espoir, le produit intérieur brut (PIB) letton chutant de 25% en 2008-2009, la plus grave récession au monde, après laquelle Riga a su réaliser un redressement économique spectaculaire.
"Grâce à ces efforts, la Lettonie entrera dans la zone euro plus forte que jamais, envoyant ainsi un message d'encouragement à d'autres pays engagés dans un processus d'ajustement économique difficile", a déclaré à Bruxelles le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
La Lituanie devrait suivre en 2015, complétant le trio balte des anciennes républiques soviétiques dans une zone euro qui n'est pas encore tout à fait guérie alors que cinq pays (Espagne, Chypre, Grèce, Irlande, Portugal) ont bénéficié de plans de sauvetage.
Les autres candidats d'Europe centrale et orientale ne sont guère pressés de rejoindre le club. Certains, comme la Hongrie ou la Bulgarie, sont loin de respecter les critères requis. D'autres, comme la Pologne et la République tchèque, voient des avantages à garder leurs monnaies nationales pendant encore un certain temps.