L'Irlande retrouve son indépendance financière

L'Irlande devient officiellement dimanche le premier pays de la zone euro sous assistance financière à s'affranchir de l'aide de ses partenaires. Une étape dont se félicite Dublin tout en avertissant que l'austérité continue.

Le pays de 4,6 millions d'habitants retrouve son indépendance économique et financière. L'Irlande avait dû recourir à un plan d'aide international de 85 milliards d'euros en 2010 (100 milliards de francs au cours actuel) quand l'explosion de la bulle immobilière a ravagé son secteur bancaire.

Le pays, qui a reçu ses dernières tranches d'aide de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI) cette semaine, fait figure d'exemple pour les trois autres Etats européens sous assistance financière: Chypre, la Grèce et le Portugal.

Le chef du gouvernement Enda Kenny marque dimanche soir la fin officielle du programme d'aide par une intervention télévisée. Il veut s'adresser à la population irlandaise durement éprouvée par les hausses d'impôts et les réformes mises en oeuvre afin de réduire les dépenses publiques.

Cette allocution sera la seconde de ce genre pour le chef du gouvernement. M. Kenny est arrivé au pouvoir en 2011 avec la lourde tâche de redresser le pays plongé dans la crise.

Le gouvernement, qui doit annoncer la semaine prochaine ses intentions pour l'après-plan d'aide, a toutefois prévenu que les mesures d'austérité allaient se poursuivre. "Nous devons continuer le même genre de politique, car le déficit est trop élevé", a affirmé le ministre des Finances Michael Noonan.

Tests de résistance

Le FMI a versé vendredi une ultime tranche d'aide de 650 millions d'euros (800 millions de francs). L'organisation a salué la mise en oeuvre "sans relâche" du programme de réformes par les autorités de Dublin. Elle a souligné toutefois que l'Irlande est "encore confrontée à d'importants défis".

Malgré l'assainissement des établissements bancaires irlandais, les tests de résistance de ce secteur menés à travers l'Europe l'an prochain risquent de mettre en lumière des faiblesses héritées des prêts hypothécaires risqués.

Chômage élevé

Le pays, de retour sur les marchés, emprunte à des taux convenables, inférieurs à ceux de l'Italie et de l'Espagne. Mais la croissance est en dents de scie et le taux de chômage reste élevé (12,8 %).

L'Irlande dépend beaucoup de ses exportations, ce qui la place en situation de fragilité en cas de retournement de tendance chez ses principaux partenaires commerciaux. Son sort reste encore lié à celui d'une zone euro convalescente.

Forte émigration

Et sa demande intérieure reste déprimée, en raison d'un fort taux d'endettement des ménages et d'un pouvoir d'achat affaibli.

Signe d'un malaise, les Irlandais émigrent en masse, avec près de 90'000 départs chaque année. Plus d'un quart de la population a été touché par le départ d'un proche et la moitié des 18-24 ans envisagent d'émigrer, selon l'organisation de jeunesse NYCI.

/ATS


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