Alors que la branche de la construction continue d'afficher une vive croissance, Unia et Syna exigent des hausses de salaires pour les travailleurs du secteur. Les syndicats réclament pour l'an prochain une augmentation mensuelle de 150 francs, soit 2,5% de plus en termes réels.
La branche de la construction se porte très bien, a constaté vendredi devant la presse à Zurich Nico Lutz, responsable du secteur auprès du syndicat Unia. Une situation dont les travailleurs doivent aussi bénéficier. "Cela n'a pas été le cas ces dernières années, les salaires n'ayant quasiment pas augmenté", a-t-il ajouté.
Alors que les chiffres d'affaires ont explosé dans la construction, avec une hausse supérieure à 40% ces dix dernières années, le nombre de salariés à lui légèrement reculé. Cette évolution s'est ainsi traduite par un gain de productivité qui a atteint plus de 9% entre 2007 et 2012, a poursuivi M. Lutz.
L'an passé dans le seul secteur principal de la construction, les chiffres d'affaires ont augmenté de 4,9%, alors que les effectifs ont reculé de 2,4% en fin d'année. Les entreprises ont vu leurs bénéfices croître ces dernières années. "Les marges ont triplé dans le génie civil et doublé dans le bâtiment", a noté M. Lutz.
"Jamais en Suisse on n'avait encore bâti autant et aussi rapidement, avec aussi peu d'ouvriers", a dit Jakob Solenthaler, responsable régional de Syna. Les banques et les entreprises générales fixent les délais et les peines conventionnelles viennent lourdement sanctionner les retards. "Une pression qui se répercute jusqu'au maillon le plus faible de la chaîne, nos travailleurs".
Alors que le travail dans la construction demeure pénible et dangereux, un maçon sur cinq étant chaque année victime d'un accident, son rythme et son intensité se sont accrus sur les chantiers. Pourtant, la bourse des ouvriers ne profite pas des gains de productivité, a relevé M. Solenthaler.
Les travailleurs sont cependant prêts à fournir ces efforts supplémentaires. Mais pas sans contrepartie. "Si pour l'ensemble de l'économie les salaires réels ont crû plus fortement que la productivité, les premiers sont restés à la traîne dans le bâtiment", selon M. Lutz.
Côté dépenses en revanche, les augmentations constantes des primes d'assurance-maladie et des loyers pèsent sur les budgets. Se montant à 5704 francs, le salaire médian des ouvriers du bâtiment reste inférieur aux 5955 francs de l'ensemble des salariés suisses.