Le consortium gazier azerbaïdjanais Shah Deniz II a choisi le projet de gazoduc TAP pour ses livraisons de gaz vers l'Europe en contournant la Russie, a confirmé vendredi un responsable du britannique BP. Le groupe zurichois Axpo, initiateur de TAP, a réagi "avec joie et satisfaction" à cette décision.
Le consortium, composé des géants BP, Statoïl (Norvège), Total (France) et Socar (Azerbaïdjan) a préféré ce projet à celui concurrent de Nabucco-Ouest. Le groupe énergétique autrichien OMV, un des investisseurs de Nabucco-Ouest, avait déjà indiqué mercredi que le projet gazier avait été rejeté par Shah-Deniz II.
"Ce sont dix ans de planification et de préparation qui sont ainsi récompensés", s'est félicité le directeur général d'Axpo Heinz Karrer dans un communiqué. "C'est un honneur pour l'entreprise de pouvoir participer à un projet avec de tels enjeux géopolitiques", a-t-il ajouté, remerciant "le gouvernement suisse pour son soutien sur le plan diplomatique".
Sécurité d'approvisionnement
Trans Adriatic Pipeline (TAP) améliorera "la sécurité d'approvisionnement en gaz de l'Europe et, par là même, de la Suisse", tout en diversifiant les sources, a assuré Axpo dans son communiqué. Le projet permet en outre de renforcer la position helvétique sur le marché en Europe.
Le WWF a de son côté critiqué le soutien de la Confédération à un projet qui, outre les dangers qu'il fait peser sur le climat, "pourrait mettre Axpo en difficulté". Si les investissements s'avéraient peu rentables - scénario jugé le plus "réaliste" par l'ONG - "ce sont alors les consommateurs et les contribuables qui paieront la facture", a-t-elle dénoncé jeudi dans un communiqué.
Long de quelque 880 kilomètres, TAP doit relier la frontière gréco-turque à l'Italie, en passant par la Grèce et l'Albanie, puis sous l'Adriatique. Le gaz en provenance de l'Azerbaïdjan transitera ensuite en Suisse via le gazoduc Transitgaz vers la France et l'Allemagne.
Troisième source d'énergie en Suisse
Pour la Suisse, le gaz naturel, entièrement importé, constitue la troisième source d'énergie derrière le pétrole et l'électricité. L'Union européenne (UE), qui a importé pour sa part en 2012 quelque 260 milliards de m3, devrait voir ses besoins augmenter d'ici 2035 de 25% au minimum, selon Axpo.
Au-delà, les enjeux pour l'Europe restent géopolitiques, visant à réduire la dépendance au gaz russe. Pour mémoire, le plan original d'acheminer également du gaz iranien avait été abandonné en raison des pressions internationales.
La construction du gazoduc transadriatique, maintes fois repoussée, pourrait débuter en 2015. Elle générerait, outre les investissements et les "royalties", quelque 2000 emplois, selon le premier ministre grec Antonis Samaras.