La Commission européenne estime "indispensable" une hausse des salaires en Allemagne. Berlin pourrait ainsi aider ses voisins européens à la traîne, a expliqué le commissaire européen en charge de l'Emploi, Laszlo Andor.
"Il serait très important que l'Allemagne intensifie les investissements publics, stimule la demande et réduise ses excédents commerciaux excessifs, qui font du tort à ses voisins européens. Pour cela, un changement sur la politique des salaires est indispensable", a expliqué le Hongrois dans un entretien paru dimanche dans le quotidien allemand "Die Welt".
"La croissance des salaires est restée fortement derrière l'évolution de la productivité" depuis plus de 10 ans en Allemagne, critique le commissaire européen dans les colonnes du journal conservateur. "Ce serait mieux, si les salaires augmentaient de concert avec la productivité", a-t-il ajouté.
Le débat sur une hausse des salaires a récemment été ravivé en Allemagne. Le patron de la Bundesbank, Jens Weidmann, a notamment estimé que les salaires avaient une marge de progression de 3% dans un pays où, par endroits, "nous sommes quasiment en situation de plein emploi". L'Allemagne a vécu des années de retenue salariale, un facteur déterminant dans la compétitivité de ses entreprises.
Dans une zone euro toujours en plein marasme économique, l'idée a fait son chemin chez certains européens qu'un coup de pouce aux salaires allemands profiterait à tous: cela corrigerait le différentiel de compétitivité et stimulerait le pouvoir d'achat des foyers du plus grand marché de la zone.
La France est coutumière d'appels du pied en ce sens, dernièrement encore du président François Hollande. La rhétorique a aussi ses partisans en Allemagne, par exemple chez les sociaux-démocrates, initiateurs de la loi sur le salaire minimum, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2015.
Mais le coup de mou de l'économie allemande au 2e trimestre jette un voile sur ces tentations de hausse de salaire. La croissance du pays accuse un recul de 0,2% entre avril et juin. Dans ce contexte, le patronat allemand a déjà prévenu que les négociations salariales sectorielles prévues dans les prochains mois "vont être difficiles".