Le Japonais Mamoru Samuragochi, qui s'est fait passer pendant deux décennies pour un compositeur sourd, est apparu métamorphosé devant les caméras. Il a reconnu l'escroquerie tout en accusant son nègre de diffamation.
"Je présente toutes mes excuses", a déclaré l'homme, absolument méconnaissable. Tous les Japonais avaient jusque-là l'image d'une robuste silhouette de noir vêtue, d'un homme aux cheveux longs, avec barbe et lunettes de soleil, se déplaçant avec une canne.
Mais l'individu qui s'est présenté vendredi ressemblait à un banal employé de bureau bouffi et exténué, en costume sombre, rasé, avec les cheveux courts. Sur un ton monocorde et avec un regard de chien battu, il a reconnu que sa surdité n'était que partielle et qu'il avait employé un nègre pendant 18 ans.
Durant une longue explication un peu confuse, il a maintenu qu'il avait besoin de l'aide d'un interprète en langage des signes pour bien saisir les conversations ("les mots tournent, sont distordus"), même s'il peut percevoir une partie des sons.
Pourtant, durant cette conférence de presse-confession, il a répondu aux journalistes tout à fait naturellement, en oubliant même parfois de regarder l'assistant-traducteur censé l'aider, et ce sans même faire répéter les questions.
M. Samuragochi a toutefois présenté un certificat médical précisant le niveau de sa surdité, in fine très inférieur à celui jusqu'à présent prétendu. Il aurait rendu sa carte d'invalidité, dont la possession était injustifiée.
M. Samuragochi entend par ailleurs poursuivre son "nègre", un professeur de musique de Tokyo qui avait convoqué les journalistes il y a quelques semaines pour révéler la supercherie. Il estime avoir été diffamé par Takashi Niigaki et a contesté vendredi que celui qui composait à sa place lui ait demandé à maintes reprises d'arrêter l'imposture qui risquait d'être découverte.
Selon le récit romancé de sa vie, Samuragochi était devenu complètement sourd à 35 ans, mais avait continué à composer, notamment la "Symphonie No.1, Hiroshima". Après le tsunami meurtrier de mars 2011, sa "symphonie Hiroshima" était devenue le quasi hymne de la reconstruction et avait été rebaptisée "Symphonie de l'espoir".