Donald Trump et le gouvernement américain accélèrent l'acheminement de l'aide vers Porto Rico, île des Caraïbes ravagée par le passage de l'ouragan Maria. Des critiques leur reprochent de négliger ce territoire américain, qui était déjà en faillite.
Le président américain a annoncé jeudi une levée temporaire de restrictions qui permettra d'accélérer l'acheminement de l'aide vers l'île de 3,4 millions d'habitants. Les destructions causées par Maria ont été comparées à celles provoquées par Katrina en août 2005 à La Nouvelle-Orléans (Louisiane, sud).
Ces restrictions datent d'une loi appelée 'Jones Act', instaurée en 1920. Selon ce texte, les marchandises transportées entre ports américains doivent l'être sur des navires américains, exploités par un opérateur américain.
Cette levée 'entre en vigueur immédiatement', a assuré à l'AFP Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de l'exécutif américain. Le département de la Sécurité intérieure a précisé qu'elle ne serait valable que dix jours.
'Acte de justice'
'C'est un acte de justice', a réagi Carmen Yulin Cruz, maire de la capitale San Juan, sur CNN après l'annonce présidentielle. Et d'assurer que cette loi bientôt centenaire renchérissait tous les biens acheminés par mer d'environ 30%.
'Il est temps que les produits de première nécessité arrivent', a-t-elle plaidé. La maire a par ailleurs regretté que quelque 3000 conteneurs d'aide soient bloqués dans le port de sa ville en raison de désaccords sur leur distribution.
Selon le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, son ministère a envoyé 'deux cargaisons géantes d'argent liquide' vers Porto Rico ces deux derniers jours afin d'aider à 'faire tourner l'économie' locale.
Trop tard
Critiqué pour la lenteur de l'aide apportée par son administration, M. Trump avait annoncé il y a trois jours qu'il se rendrait mardi sur l'île.
Le ministère de la Défense a assuré qu'il 'poursuiv(ait) les opérations de secours et se prépar(ait) à déployer rapidement des capacités supplémentaires'. Il a aussi indiqué que la priorité était à l'acheminement de carburant et de produits de première nécessité.
Mais le général à la retraite Russel Honore, responsable des opérations militaires lors de l'ouragan Katrina qui a fait au moins 1800 morts, a estimé que Washington avait réagi trop tard. 'C'est assez compliqué de se rendre là-bas, cela prend du temps pour le transport', a-t-il concédé sur la radio NPR, avant d'ajouter: 'Nous avons commencé à réagir environ quatre jours trop tard'.
'Porto Rico est une mission plus vaste et difficile que Katrina', a-t-il estimé.
Lenteur
M. Trump est notamment accusé de considérer les habitants de Porto Rico comme des citoyens de seconde zone. Ces derniers possèdent la nationalité américaine mais ne peuvent pas voter à l'élection présidentielle des Etats-Unis.
Selon ses détracteurs, l'aide fédérale est parvenue plus rapidement au Texas et en Floride, touchés respectivement par les puissants ouragans Harvey et Irma fin août et début septembre.
Une semaine après le passage de Maria, l'aide n'arrive encore que lentement sur l'île qui croule sous une dette abyssale et qui manque d'eau potable, d'électricité et de carburant. Les opérations de déblaiement sont également lentes à se mettre en place.
4400 soldats sur place
L'armée américaine a déployé près de 4400 soldats sur place. Et, selon le responsable local de l'Agence américaine des situations d'urgence (Fema) John Rabin, 10'000 personnes vivent encore dans des refuges.
'Nous avons distribué un million de repas et 1,1 million de litres d'eau à travers onze points de ravitaillement', a-t-il déclaré jeudi lors d'un point-presse à la Maison Blanche.
De longues files se forment chaque jour devant les supermarchés où eau, carburant et glace sont rationnés. Le moral des habitants est au plus bas.
'Avec toutes les rumeurs autour du réseau électrique qui pourrait être hors d'usage pendant des mois, la partie de la population qui a les moyens de partir (les actifs, la classe moyenne, etc) pourrait bien décider de quitter l'île. Mais il est vital que ces personnes restent pour ramener l'île à la normale', a expliqué à l'AFP Chuck Watson, fondateur de l'entreprise de conseil Enki Holdings, spécialisée dans les catastrophes naturelles.
/ATS