Le fabricant soleurois d'acier Stahl Gerlafingen met à exécution son plan de fermeture d'une de ses deux lignes de production. La mesure, qui concerne la fabrication de profilés et doit assurer la survie de l'entreprise établie à Gerlafingen.
Elle s'accompagne de la suppression d'un maximum de 95 emplois. Des licenciements sont prévus. Une partie de la coupe dans le personnel interviendra par l'entremise des fluctuations naturelles, un plan social étant prévu pour les salariés qui perdront leur emploi, précise mercredi dans un communiqué Stahl Gerlafingen. Selon son site internet, l'entreprise du pied du Jura, filiale de la société italienne Beltrame Group, emploie 540 collaborateurs.
Depuis la mi-2023, Stahl Gerlafingen fait face à une interdiction de facto d'importation d'acier vers l'Union européenne (UE), explique l'entreprise. Dans le contexte du conflit commercial opposant les Etats-Unis et la Chine autour de l'acier, l'UE, à la suite de Washington, a introduit des contingents fixes pour les importations auxquels la Suisse est soumise et dont la production se retrouve en concurrence avec des produits provenant de pays à bas coûts comme le Brésil, le Vietnam ou l'Egypte.
De plus, les mesures massives de promotion industrielle au sien de l'UE en faveur de ses aciéries se sont traduites par un recul du chiffre d'affaires et des marges de l'usine suisse, ajoute Stahl Gerlafingen. D'autant plus que l'entreprise souffre de la hausse des prix de l'énergie et des taxes liées au réseau électrique, 'qui restent en Suisse à un niveau record par rapport à l'Europe'.
Selon ses propres calculs, Stahl Gerlafingen explique avoir dépensé l'an dernier 100'000 francs par poste de travail, la charge étant venue à bout des réserves de la société. 'Nous avons toujours espéré que la Suisse trouverait une solution avec l'UE. Mais sans perspectives concrètes de reprise des exportations, nous ne pouvons plus assumer l'exploitation de l'activité dans les profilés d'un point de vue économique', regrette le directeur général de Stahl Gerlafingen, Alain Creteur, cité dans le communiqué.
Interventions auprès de Bruxelles
Plusieurs parlementaires de différents partis avaient déposé des interventions en faveur de l'industrie suisse de l'acier, exigeant notamment un financement transitoire pour cette branche en crise. Si le Conseil fédéral, contrairement à certains élus, n'a pas souhaité reconnaître une importance systémique au secteur, il n'en est pas pour autant resté les bras croisés, le Parlement ayant accepté l'an dernier une motion demandant à la Confédération de soutenir l'industrie de l'acier et de l'aluminium face à la hausse des prix de l'énergie.
Le Conseil fédéral a récemment indiqué dans une réponse à une interpellation parlementaire être intervenu à plusieurs reprises auprès de l'UE depuis 2018 pour qu'elle exempte la Suisse des mesures de sauvegarde et qu'elle respecte les obligations de l'accord de libre-échange de 1972 entre la Suisse et l'UE et le droit de l'OMC.
/ATS