Raiffeisen est optimiste pour l'économie suisse cette année, notamment en raison du redressement conjoncturel mondial. Le numéro trois bancaire du pays table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 2,1%.
Pour expliquer cette nette hausse par rapport aux deux années précédentes plutôt faibles, le chef économiste de Raiffeisen, Martin Neff, s'appuie notamment sur le moral conjoncturel intact à l'échelle internationale et la croissance robuste en Europe. Même si la force du franc pèse toujours, la remontée de l'euro procure un certain apaisement, relève mercredi le groupe bancaire.
Comme la croissance assure traditionnellement un meilleur soutien à l'économie suisse que le marché monétaire, les exportations du pays pourraient finalement reprendre des couleurs cette année. Certains secteurs sortent à présent du creux de la vague.
L'industrie respire
Fortement éprouvées, la métallurgie et l'industrie des machines devraient enregistrer à nouveau des taux de croissance positifs, tout comme l'horlogerie. Une progression se dessine également pour les branches exportatrices moins importantes, comme la chimie, les matières plastiques ou le secteur automobile.
Grâce à la reprise conjoncturelle en Europe, le secteur de l'hôtellerie et de la restauration peut également respirer, même si, à long terme, son avenir se situe plutôt au Proche-Orient ou en Extrême-Orient.
La Suisse peut en effet se réjouir d'une popularité grandissante auprès de visiteurs en provenance de Chine, d'Inde, de Corée du Sud, d'Arabie Saoudite et même d'Europe de l'Est. Les touristes allemands représentent toujours la clientèle la plus importante, mais d'autres nations rattrapent fortement leur retard.
Légère hausse de l'inflation
Après avoir gagné 0,5% l'an dernier, l'inflation devrait ressortir en hausse de 0,6% en 2018, soit toujours nettement en dessous de l'objectif de 2% fixé par la Banque nationale suisse (BNS). Une normalisation des taux n'est donc pas non plus prévue pour 2018 et l'économie suisse devra faire face cette année encore à des intérêts négatifs, relève Raiffeisen.
Concrètement, l'établissement ne table pas sur un relèvement des taux par la BNS et prévoit, pour fin 2018, le Libor à trois mois au même niveau qu'aujourd'hui, soit -0,75%. En revanche, les perspectives sont positives pour les longues échéances. Un taux de 0,5% sur 12 mois est ainsi attendu pour les obligations de la Confédération à dix ans.
Immobilier toujours surévalué
Le marché de l'immobilier reste toujours surévalué, constate par ailleurs Raiffeisen. Martin Neff continue toutefois à exclure tout risque de crash des prix des logements en propriété, en raison de l'absence d'élément spéculatif. Contrairement au début des années 1990, la très forte demande actuelle provient en effet des propriétaires et non pas de spéculateurs.
Les risques ont en revanche augmenté l'an dernier pour les immeubles à usage commercial et les immeubles de rapport. Le constat selon lequel le marché n'absorbe plus tous les objets à tous les prix, avec pour conséquence une progression des locaux vacants, est aujourd'hui une évidence, note Raiffeisen.
Néanmoins, l'offre réagira également, son étendue sera en recul, ce qui soutiendra globalement un atterrissage en douceur sur le marché des immeubles de rapport également. La descente risque d'être tout de même abrupte pour certains, conclut Raiffeisen.
/ATS