Les produits bio ont continué de progresser l'an dernier en Suisse. Leur part de marché atteint désormais 11,2%, contre 10,9% en 2021. Le chiffre d'affaires a quant à lui légèrement reculé, dans un marché des denrées alimentaires globalement en régression.
Au total, les Suisses ont acheté pour 3,873 milliards de francs de produits bio en 2022, contre 4,005 milliards un an plus tôt, indique mardi Bio Suisse. La consommation par personne est également passée de 459 à 439 francs. L'organisation explique ce recul par la disparition de 'l'effet spécial dû au Covid'.
Avec le retour au travail en présentiel, la réouverture des restaurants et la reprise du tourisme d'achat, les Suisses ont moins acheté de produits alimentaires pour leur propre cuisine, a expliqué un porte-parole à Keystone-ATS. Ce phénomène touche aussi bien le bio que les produits conventionnels.
Importance du commerce de détail
Dans son communiqué, Bio Suisse se félicite toutefois d'une 'tendance positive à long terme', avec une croissance moyenne de 200 millions de francs par année. En 2019, avant la pandémie, le chiffre d'affaires du bio était en effet de 3,2 milliards de francs.
Bio Suisse souligne l'importance croissante du commerce de détail pour la vente de produits biologiques. Les commerces bio spécialisés et la vente directe ont vu leur chiffre d'affaires chuter de 14,5% et 16,5% en une année. Les ventes ont également régressé à la Coop (-3,6%), le leader du marché.
Le tableau est nuancé pour les discounters, alors que la Migros a enregistré des hausses (+0,9%). Mais quel que soit le canal commercial, le chiffre d'affaires a été supérieur à 2019, précise Bio Suisse.
Prix critiqués
Les prix et les marges élevés enregistrés sur le marché suisse du bio ont provoqué des critiques de la part des protecteurs des consommateurs. Migros et Coop, qui se sont partagés l'an dernier près des trois quarts du marché, ont refusé une proposition de limitation volontaire des prix de Monsieur Prix.
Puisque le surveillant des prix ne peut pas infliger des amendes, la Fondation alémanique pour la protection des consommateurs (SKS) a estimé que la Commission de la concurrence (Comco) doit se pencher sur la question.
Pour Bio Suisse, la question principale est de savoir si les prix plus élevés sont justifiés, a souligné son directeur Balz Strasser. 'Ce qui nous importe, c'est la plus-value que les agriculteurs bio apportent. Ils apportent une grande contribution à la biodiversité en renonçant aux pesticides chimiques ou de synthèse', a-t-il ajouté, interrogé par Keystone-ATS.
Les oeufs en tête
Parmi les aliments bio, les œufs sont restés les plus populaires avec une part de marché de 29,6%, suivis par le pain (26,3%), les légumes (24,7%) et les fruits (20,1%). Les produits laitiers restent ceux générant le plus gros chiffre d'affaires, à 403 millions de francs.
La part de la surface utile totale exploitée en bio a légèrement augmenté et s'élève à 17,3% (+0,5 point). En région de plaine, 13% de la surface agricole utile est exploitée selon les normes biologiques. Dans les zones de montagne, la proportion s'élève à un quart (26%).
Au total, 7560 exploitations agricoles travaillent selon le cahier des charges de Bio Suisse. C'est le canton de Berne qui arrive en tête, avec 1381 fermes, devant les Grisons, canton qui compte près des deux tiers d'exploitations bio.
Pour la première fois depuis plusieurs années, Bio Suisse cherche de nouveau activement des producteurs intéressés par la reconversion au bio. Ce sont avant tout les grandes cultures qui sont demandées. 'Nous cherchons 15'000 hectares de terres ouvertes supplémentaires qui se reconvertissent au bio d'ici 2027', explique Balz Strasser. Soit 'quelque 500 nouvelles fermes bio'.
/ATS