La Corée du Nord a déclaré samedi que sa volonté de renoncer à son programme nucléaire pourrait s'émousser à l'issue d'une journée et demi de pourparlers avec les Etats-Unis à Pyongyang. La capitale du pays a pris le contre-pied du secrétaire d'Etat américain.
Mike Pompeo a un peu plus tôt loué les progrès accomplis au cours de ces discussions. A l'occasion de sa troisième visite à Pyongyang, le chef de la diplomatie américaine a tenté de définir les modalités du démantèlement du programme nucléaire nord-coréen, qu'il s'agisse du calendrier des opérations ou de la liste détaillée des installations concernées.
Mais, selon les propos d'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères cité par l'agence de presse officielle KCNA, les résultats des pourparlers avec la délégation américaine sont 'très préoccupants'. La Corée du Nord accuse Washington d'insister sur une dénucléarisation, complète, vérifiable et irréversible (DCVI) unilatérale.
'Situation dangereuse'
'Nous étions partis du principe que la partie américaine allait venir avec une idée constructive, en pensant que nous pourrions en tirer quelque chose en retour', a dit le porte-parole. 'Mais, après ces discussions à haut niveau, la confiance entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et les Etats-Unis est confrontée à une situation dangereuse, où notre volonté d'arriver à une dénucléarisation, qui a été ferme et solide, pourrait s'émousser.'
La 'manière la plus rapide d'aboutir à une péninsule coréenne dénucléarisée est d'avoir recours à une approche progressive, au cours de laquelle les deux parties avancent en même temps', a poursuivi le porte-parole. Le département d'Etat américain n'a pas réagi dans l'immédiat aux paroles rapportées par l'agence KCNA.
Au moment de quitter Pyongyang, Mike Pompeo a fait état de progrès 'dans tous les domaines' des négociations, dont celui du calendrier du programme de dénucléarisation. Il a toutefois ajouté qu'il y avait du chemin à parcourir. Le chef de la diplomatie américaine a également annoncé que les deux parties se retrouveraient le 12 juillet pour parler du rapatriement des restes des soldats américains portés disparus pendant la guerre de Corée (1950-53).
'Discussion très sérieuse'
Avant de quitter Pyongyang pour se rendre à Tokyo, Mike Pompeo a serré la main de Kim Yong-chol. Le vice-président du comité du parti unique et ancien chef des services de renseignement nord-coréens a joué un rôle-clé dans l'organisation du sommet du 12 juin à Singapour entre le président américain et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.
Revenant sur leurs échanges de la veille, le négociateur nord-coréen a parlé d''une discussion très sérieuse sur des questions très importantes'. Mike Pompeo a réitéré la promesse de Donald Trump, qui s'est engagé à offrir 'un avenir meilleur à la Corée du Nord' en échange de sa dénucléarisation complète.
'Le travail que nous réalisons sur la voie de la dénucléarisation complète, de la construction d'une relation entre nos deux pays, est crucial pour le bien de la Corée du Nord et le succès que nos deux présidents attendent de nous', a-t-il souligné.
Groupes de travail
Selon Heather Nauert, porte-parole du département d'Etat, Mike Pompeo s'est montré 'très ferme' sur trois exigences américaines : la dénucléarisation complète de la Corée du Nord, les garanties de sécurité et le rapatriement des restes des soldats américains portés disparus pendant de la guerre. Elle n'a pas toutefois expliqué pourquoi le département ne mentionnait plus l'objectif initial d'une 'dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible'.
Lors du sommet du 12 juin, Kim Jong-un s'est engagé à 'œuvrer à la dénucléarisation de la péninsule coréenne', sans en définir les modalités ni le calendrier. Donald Trump a promis en échange de lui fournir des 'garanties de sécurité' et à mettre fin aux manoeuvres militaires américano-sud-coréennes.
La porte-parole du département d'Etat a annoncé la mise sur pied de groupes de travail pour traiter des 'choses sérieuses', notamment la vérification du démantèlement des installations nucléaires. Ces groupes de travail seront dirigés côté américain par Sung Kim, ambassadeur des Etats-Unis aux Philippines, qui est d'origine coréenne.
/ATS