La situation mondiale de l'emploi n'atteindra pas celle d'avant la pandémie avant 2023 au moins. Au total, 205 millions de personnes devraient être au chômage l'année prochaine, ou près de 5,8%, contre 187 millions avant la crise, a affirmé mercredi à Genève l'OIT.
Cette année, le décalage par rapport à avant la pandémie s'établira à 75 millions d'emplois, avant de redescendre à moins de 25 millions d'emplois perdus l'année prochaine. En ajoutant les heures de travail réduites par la crise, le volume équivaut même à 100 millions d'emplois à plein temps pour cette année, après les plus de 250 millions l'année dernière.
'C'est pire' que les 10 millions anticipés pour cette année en janvier dernier, a admis à la presse le directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT) Guy Ryder. Une situation due à la relance de l'épidémie dans certaines régions et une vaccination 'plus lente qu'attendue dans certains pays', dit-il. Pour l'année prochaine, les pertes en équivalents plein temps devraient atteindre 26 millions, insiste l'organisation dans son rapport Emplois et questions sociales dans le monde.
Si elle n'a pas observé de 'large changement' sur l'application des droits des travailleurs, l'OIT est préoccupée par les effets de la pandémie sur le travail des enfants et le travail forcé. Des données, publiées dans les prochains jours, laissent penser que les avancées sur cette question pourraient être affectées.
Avant même le début de la pandémie, le chômage était élevé, le travail sous-utilisé et les conditions difficiles. Par région, la première moitié de cette année a notamment beaucoup affecté l'Amérique latine, l'Europe et une partie de l'Asie. Une embellie devrait s'accélérer durant la seconde partie de 2021 si la situation pandémique ne se détériore pas.
Vulnérables plus affectés
Pour autant, cette relance sera différente selon les Etats, en raison des inégalités vaccinales et des capacités limitées des pays en développement et émergents pour la soutenir. Chez ceux-ci, la qualité des nouveaux emplois devrait diminuer.
L'OIT est également 'très inquiète' par les cas de Covid long. Les employeurs et les autorités devront considérer cette question, a affirmé M. Ryder.
Les effets sont également observés sur les revenus des travailleurs. Par rapport à 2019, 108 millions supplémentaires parmi eux sont pauvres, s'appuyant sur moins de 2,88 francs par jour.
Les plus vulnérables ont été les plus affectés par la crise. Notamment les deux milliards de personnes dans l'économie informelle, les femmes, dont le taux d'activité a reculé l'année dernière de 5% contre 3,9% pour les hommes, et, surtout dans les pays à revenus intermédiaires, les jeunes pour lesquels les effets pourraient durer plusieurs années.
Discussion attendue à l'OIT avec Parmelin
'Il ne peut y avoir aucun rétablissement sans un rétablissement des emplois décents', explique M. Ryder, à quelques jours du premier segment de la Conférence internationale du travail. La réunion en ligne depuis Genève sera ouverte par le président de la Confédération Guy Parmelin.
M. Ryder a souhaité que les 187 Etats membres tombent d'accord sur une déclaration politique importante pour une relance centrée sur les êtres humains. Il alerte aussi sur le danger pour les gouvernements de renoncer trop tôt au soutien des travailleurs en raison de difficultés financières.
L'OIT recommande aux Etats de défendre des emplois productifs, de soutenir les revenus des ménages et les reclassements, de renforcer les institutions pour une croissance économique durable ou de recourir au dialogue social.
/ATS