De nouveaux heurts ont éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi entre manifestants et policiers dans plusieurs villes de Tunisie, au troisième jour d'une contestation alimentée par des mesures d'austérité. Des jeunes s'en sont pris à des agents de police à Siliana.
Ils leur ont jeté des pierres et des cocktails Molotov. Ils ont également tenté de s'introduire dans un tribunal dans le centre de cette ville. La police a riposté par des tirs de grenades lacrymogènes, a constaté un correspondant de l'AFP sur place.
Des échauffourées ont également eu lieu à Kasserine, dans le centre défavorisé du pays, où des jeunes de moins de 20 ans ont tenté de bloquer les routes avec des pneus en feu et ont jeté des pierres sur des agents de la sécurité.
A Tebourba, à 30 km à l'ouest de Tunis, plusieurs dizaines de manifestants sont aussi descendus dans la rue. La police a riposté par des tirs de gaz lacrymogène, a indiqué un habitant. Selon des médias locaux, des scènes similaires ont eu lieu dans des quartiers près de Tunis. Dans la capitale même, des échauffourées ont eu lieu dans plusieurs zones.
Le principal poste de police de Thala, dans le nord du pays, a été incendié, a encore indiqué le ministère de l'intérieur, ajoutant que 21 policiers avaient été blessés à travers le pays.
Aucun bilan d'éventuels blessés parmi les protestataires n'a pu être obtenu.
Manifestation vendredi
Plus de 300 personnes ont été arrêtées ces dernières 24 heures, portant à plus de 500 le nombre d'interpellations en deux jours. Les troubles ont éclaté lundi alors que s'approche le septième anniversaire de la 'révolution de jasmin', qui avait chassé du pouvoir le dictateur Zine el Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011.
Mercredi, 328 personnes ont été arrêtées pour des vols, pillages, incendies volontaires et blocages de route commis au cours des derniers jours, a indiqué le porte-parole du ministère de l'intérieur, Khalifa Chibani. Selon lui, l'intensité des violences' a toutefois 'diminué par rapport aux jours précédents'.
Mardi, 237 personnes avaient déjà été interpellées, selon la même source.
Les militants de la campagne 'Fech Nestannew' (Qu'est-ce qu'on attend, ndlr), qui réclame une révision de la loi de finances 2018, ont appelé à manifester massivement ce vendredi.
Hausse des prix et austérité
Déjà la semaine dernière, des manifestations pacifiques sporadiques avaient dénoncé la hausse des prix et un budget d'austérité prévoyant entre autres des augmentations d'impôts.
Lors d'une visite mercredi à el-Battan, près de Tebourba, le premier ministre Youssef Chahed a condamné les actes de 'vandalisme' qui, selon lui, 'servent les intérêts des réseaux de corruption pour affaiblir l'Etat'. Il a pointé du doigt le front populaire, un parti de gauche opposé au budget.
Après plusieurs années de marasme économique et d'embauches massives dans la fonction publique, le pays est confronté à d'importantes difficultés financières. L'inflation a dépassé les 6% à la fin 2017, tandis que dette et déficit commercial atteignent des niveaux inquiétants.
/ATS