Christian Levrat devrait devenir le nouveau président de La Poste. Le Conseil fédéral a proposé mercredi le syndicaliste pour succéder à Urs Schwaller à la tête du conseil d'administration du géant jaune.
La nouvelle a de quoi surprendre. Christian Levrat avait récemment été élu à la tête du syndicat du personnel douanier Garanto pour quatre ans. Et il avait annoncé se porter candidat aux élections pour le Conseil d'Etat fribourgeois en 2021.
En cas d'élection, il devra faire une croix sur sa carrière politique. Devant la presse, le Fribourgeois a d'emblée annoncé quitter ses fonctions de sénateur au 1er octobre et renoncer à ses aspirations fribourgeoises, ainsi qu'à son mandat syndical. Le parti socialiste perdra ainsi l'un de ses poids lourds.
Oppositions passées
En tant que socialiste et syndicaliste, Christian Levrat s'est également souvent opposé aux plans de restructuration et aux orientations du géant jaune. Chef du Syndicat de la communication, il était notamment aux premières lignes lors du conflit avec La Poste de 2004. Des centres de tri avaient alors été bloqués par les employés du géant jaune.
'Au cours des 18 ans passés au Parlement, je crois m'être opposé à l'ensemble des conseillers fédéraux', a complété le Fribourgeois, admettant avoir été confronté à un choix difficile. Au final, prendre la tête du 'navire amiral du service public en Suisse' l'a emporté. 'C'est un moyen de servir la collectivité de manière différente qu'en politique. Le développement de La Poste me parait être décisif pour la qualité du service public.'
Interrogé sur sa réaction en cas de privatisation de l'entreprise, le Fribourgeois a quelque peu botté en touche. 'Trois questions doivent être clarifiées par le seul actionnaire de la Poste, à savoir la Confédération: l'accès à d'autres services, comme les crédits hypothécaires ou les crédits pour les PME, le statut de Postfinance et la question des liquidités.'
'C'est le propriétaire et la politique qui décident', a également rappelé la ministre de la communication Simonetta Sommaruga. Le conseil d'administration applique les décisions.
Acceptation du personnel
A ses yeux, Christian Levrat remplit tous les critères pour le poste. 'Il dispose d'une connaissance approfondie de la branche et de connexions politiques. Il a aussi une compréhension pour le service public et une capacité à s'imposer, et il bénéficie de l'acceptation du personnel.'
La conseillère fédérale a encore rappelé que le Fribourgeois connaît très bien les entreprises liées à la Confédération grâce à son expérience politique. D'abord député, puis sénateur, il a passé de nombreuses années à la commission des transports et des télécommunications. Actuellement, il officie comme président de la commission de l’économie et des redevances.
De nombreux défis attendent le socialiste. Les opérations au guichet et le volume de lettres sont en constante baisse. Malgré l'augmentation des volumes de colis grâce au commerce en ligne, les marges sont faibles et la concurrence s'intensifie. Les recettes de La Poste sont en constante diminution et le financement du service universel par ses propres moyens est menacé.
L'entreprise a déjà pris des mesures dans le cadre de sa stratégie pour les années 2021-2024. Elle est confrontée à un important processus de transformation. 'Dans le même temps, la pandémie a montré à quel point un service universel est central pour la cohésion entre les villes et les campagnes et les différentes régions de la Suisse', a pointé Simonetta Sommaruga.
Successeur d'Urs Schwaller
Christian Levrat devrait être nommé lors de l'assemblée générale de La Poste du 27 avril. Il prendra ses fonctions le 1er décembre. Le socialiste succédera à Urs Schwaller, qui quittera ses fonctions à la fin du mois de novembre. Egalement fribourgeois, il est président du conseil d’administration depuis 2016.
/ATS