Les remontées mécaniques valaisannes en plein questionnement

La pléthore d'offres et de prix cassés en est le signe le plus visible. Les remontées mécaniques ...
Les remontées mécaniques valaisannes en plein questionnement

Les remontées mécaniques valaisannes en plein questionnement

Photo: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

La pléthore d'offres et de prix cassés en est le signe le plus visible. Les remontées mécaniques se sont engagées dans une voie que nombre de spécialistes considèrent déjà comme sans retour.

Directeur de Télé Villars, Pierre Besson croit pourtant au virage tarifaire pris par de nombreuses entreprises pour l'hiver 2016-2017. 'On s'est endormis sur nos lauriers, c'est le moment de secouer le cocotier', dit l'homme qui est l'un des initiateurs du 'Magic Pass', l'abonnement de ski qui permet de skier dans 25 stations romandes pour moins de 360 francs la saison.

La mèche allumée en 2016 par les remontées mécaniques de Saas Fee (VS) n'a pas été sans effet. La station haut-valaisanne a lancé un véritable pavé dans la mare en proposant un abonnement de saison à 222 francs alors qu'il en coûtait dans les mille francs pour skier une saison sur les pistes de Saas Fee.

Nouveau modèle

Les remontées mécaniques du lieu avaient opté pour une voie encore inédite pour des abonnements de ski: le financement participatif. Pour que le deal se fasse, il fallait écouler au moins 75'000 abonnements. Le chiffre a été dépassé. Après plusieurs années de baisse, la station a connu une forte hausse de fréquentation durant l'hiver.

Cette année, plusieurs offres à prix cassé ont fleuri en Suisse. La plus connue est celle du 'Magic Pass'. Saas Fee a renouvelé son offre de l'an dernier, avec le même succès. Dans l'Oberland bernois, quatre stations proposent un abonnement à 666 francs, dans la vallée du Grand St-Bernard, on skie pour 100 francs la saison.

Pression concurrentielle

La pléthore de forfaits à bas prix ne convainc pas partout et ne fait pas que des heureux. Président du conseil d'administration des remontées mécaniques de Fiesch-Eggishorn, Freddy Huber qualifie cette concurrence de 'ruineuse'. Pour autant, son entreprise qui vient de fusionner avec ses voisines de Riederalp et Bettmeralp ne va pas entrer dans ce jeu et mise sur la qualité de ses prestations.

Les domaines de Zermatt, des 4 Vallées ou des Portes du Soleil n'ont pas cédé à la tentation du 'low cost'. Et ils ne sont pas les seuls. Les stations grisonnes sont tout aussi réfractaires à l'idée, précise Bruno Galliker, porte-parole des Remontées Mécaniques Suisses (RMS).

Risque de cannibalisation

Les RMS sont un simple observateur de ces initiatives, précise M. Galliker. 'D'un côté, l'idée de base est d'amener davantage de monde sur les pistes, c'est ce qu'on défend. Mais d'un autre côté, le risque de ces prix cassés est de cannibaliser un peu la branche'. Ces initiatives doivent attirer une nouvelle clientèle sur les pistes, 'sans quoi elles risquent de ne pas être durables'.

Professeur sur le site de Sion de l'Institut de géographie et de durabilité de l'Université de Lausanne, Christophe Clivaz observe aussi avec attention ces initiatives. 'Pour un chercheur c'est intéressant de voir ce que ça va déclencher. Mais il faudra attendre plusieurs saisons', estime-t-il.

Voie sans retour

Quel que soit le résultat au final, les entreprises qui se sont engagées dans la voie des prix cassés ne pourront que difficilement faire machine arrière, estime M. Clivaz. S'il admet que le principe d'un abonnement unique pour plusieurs stations correspond aux attentes de la clientèle, il est plus dubitatif sur le prix.

L'effort tarifaire consenti sur ces abonnements sera-t-il suffisant pour retrouver les chiffres d'affaires des dernières années? La question reste posée. Pierre Besson admet que les remontées mécaniques du Magic Pass seront pénalisées sur la vente des forfaits journaliers.

Verdict en fin de saison

Avec plus de 85'000 abonnements vendus, le Magic Pass dépasse largement les ventes de forfaits annuels des 25 stations partenaires au cours des saisons précédentes. Ces clients n'achèteront pas de cartes journalières alors qu'ils l'ont peut-être fait par le passé. L'hiver semble bien parti pour voir davantage de skieurs dévaler les pistes, mais pas nécessairement plus de journées par skieur. Les comptes se feront en fin de saison.

Pierre Besson est confiant. Christophe Clivaz est plus mesuré. Ces initiatives montrent l'énorme pression qui pèse dans ce secteur. L'adaptation structurelle peut s'accélérer avec ces offres et laisser sur le carreau certaines stations.

Une autre logique peut aussi s'installer qui permette de fédérer les destinations, espère Damian Constantin, directeur de Valais-Wallis Promotion (VWP). Ces initiatives sont intéressantes pour le client. Et plus globalement, elles contribuent à animer les réflexions sur le tourisme en général.

/ATS
 

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