Le nombre d'espèces animales et végétales menacées a atteint un nouveau record en 2017, indique mercredi le WWF dans son bilan annuel. Les pangolins (petit mammifère insectivore présent en Afrique et Asie), les koalas et les hippocampes sont parmi les plus en danger.
La liste rouge mondiale des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) inventorie 25'800 espèces animales et végétales menacées. Le nouveau record négatif enregistré en 2017 concerne près de 30% de toutes les espèces examinées, note le WWF. A titre de comparaison, 24'000 espèces étaient considérées comme menacées à fin 2016.
Usage intensif de pesticides
'Plus de 40% des espèces d'insectes suisses sont désormais considérées comme menacées', dont les abeilles et les papillons. 'Si cette évolution ne cesse pas, l'Europe manquera bientôt d'insectes pollinisateurs, vitaux pour l’agriculture. Les responsables de cette hécatombe sont avant tout le changement climatique et l'usage intensif des pesticides', selon Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse contactée par l'ats.
Pour enrayer ce phénomène, qui a vu la masse totale des insectes volants diminuer de 75% en Allemagne en 27 ans, il faudra repenser nos habitudes dans l'agriculture. Et cela, aussi au niveau des particuliers et des communes qui utilisent régulièrement des pesticides sans se rendre compte de l'impact que cela peut avoir, souligne la porte-parole.
Dommage collatéral, les amphibiens et les oiseaux insectivores de Suisse sont également menacés par la disparition des insectes. D'autant plus que leur habitat est menacé par l'urbanisation.
Pangolin, grand perdant de 2017
La destruction de leur habitat naturel a aussi eu un impact dévastateur sur les koalas. 'La destruction de forêts entières d’eucalyptus pousse les animaux à fuir, et les condamne souvent à une mort certaine'. Dans certaines régions d’Australie, '80% de ces marsupiaux ont disparu depuis les années 1990', selon le WWF.
Parmi les mammifères, ce sont les pangolins qui ont payé le plus lourd tribut en 2017. Le commerce international de ce petit animal couvert d’écailles est complètement interdit depuis janvier. Les autorités continuent pourtant 'de confisquer des tonnes d’écailles et des centaines de pangolins entiers en Afrique et en Asie', explique le WWF. L'ONG précise encore que 'ces seize dernières années, plus de 1,1 million d’animaux ont été négociés illégalement.'
Les éléphants de forêt d’Afrique centrale sont également dans une situation dramatique. Leur nombre 'a reculé de 66% à moins de 10'000 spécimens entre 2008 et 2016. La raison principale est le commerce illégal d’ivoire et le braconnage qu’il entraîne', souligne le WWF.
En mer, 'la diminution des populations des deux seules espèces d’hippocampes d’Europe a atteint jusqu’à 30% ces dix dernières années', alerte aussi l'ONG. Si leur pêche est interdite en Méditerranée, l'animal reste victime de capture accidentelle dans les filets des pêcheurs.
Quelques gagnants
L'année 2017 aura quand même été bénéfique pour quelques espèces. La population de tortues marines est en hausse dans plusieurs régions du globe. La panthère de Perse, dont il ne reste que 40 à 60 spécimens, a vu la naissance de cinq nouveaux individus grâce à la lutte contre le braconnage.
Au Cambodge, neuf jeunes dauphins de l’Irrawaddy ont été aperçus. Avec seulement 80 individus, ce mammifère marin vivant dans le Mékong est menacé de disparition.
La loutre a profité de cette année pour faire son retour en terre helvétique, alors qu'elle était considérée comme éteinte de nos contrées. Elle a bénéficié d'une meilleure qualité de l'eau et de mesures de revitalisation, qui ont aussi profité aux castors en Suisse.
La meute de loup du Calanda a connu enfin de nouvelles naissances. De meilleures mesures de protection des troupeaux favorisent d'ailleurs leur survie. Enfin, les efforts de réintroduction ont permis au gypaète barbu de prospérer à nouveau en Suisse.
/ATS