Les coiffeurs ont élagué samedi leurs premières tignasses et les pubs servi leurs premières pintes de bière en Angleterre. Cette nouvelle étape majeure dans la sortie du confinement en Angleterre fait craindre excès et nouvelles contaminations au coronavirus.
'Ca fait trois ou quatre mois qu'on attendait de revenir au pub !', lance Nick, en descendant une pinte avec deux amis dans un établissement du quartier londonien de Greenwich. C'est le deuxième pub que visite ce comptable de 38 ans, après une première bière qui 'sentait le désinfectant' et un passage chez le coiffeur.
Non loin de là, le personnel de 'La taverne de Greenwich' dispose des fleurs dans des vases, pour accueillir ses premiers clients. 'J'avais tellement hâte qu'on se remette au travail et qu'on s'occupe de nouveau des gens', explique Dorota Pilarczyk, l'une des gérantes, 'impatiente' derrière sa visière et ses gants en plastiques.
Entré tardivement dans le confinement, le Royaume-Uni est encore plus à la traîne que ses voisins européens pour en sortir. Loin d'être vaincu, le coronavirus a tué 44'000 personnes dans le pays. Pubs, hôtels, salons de coiffure, cinémas et musées ont rouvert samedi. Plus réticentes, les autres provinces britanniques ont adopté leur propre calendrier de déconfinement.
'Différent d'avant'
Samedi matin, le ministre des Finances Rishi Sunak a encouragé les Britanniques à 'manger dehors pour soutenir' l'emploi dans la restauration, alors que près de 40% des pubs, soit 18'000 établissements, pourrait mettre la clef sous la porte d'ici à la fin de l'année, selon la British Beer and Pub Association.
La reprise ne se fait cependant pas sans précautions et 'La taverne de Greenwich' rouvre avec de nouvelles règles: service à table plutôt qu'au bar, signalétique dédiée, distance d'un mètre entre les tables, deux personnes maximum aux toilettes. 'C'est vraiment différent de ce que nous faisions avant', concède l'autre gestionnaire de l'établissement, Gabriela Stancu.
Même son de cloche dans un parc d'attractions de Chessington (sud-ouest de Londres), où nettoyages réguliers et prises de température pour les visiteurs sont de mise. Malgré tout, 'c'est tout simplement génial de pouvoir revenir', a estimé Joanna Teasdal, venus avec ses enfants, qui se sont 'levés tôt' pour l'occasion.
'Chaos total'
Dans un tweet, le Premier ministre Boris Johnson a rappelé qu'il était 'absolument vital que tout le monde respecte les règles en matière de distanciation sociale', craignant que la proximité entre les 6,5 millions de visiteurs alcoolisés prévus dans les pubs ce weekend, selon le cercle de réflexion CEBR, signe un retour en force de l'épidémie.
La police s'attend en effet à une activité aussi importante que lors d'un jour de l'An et les hôpitaux, qui soufflent à peine après le pic de la pandémie, craignent une pression accrue.
Après une fermeture inédite depuis la peste de 1665, qui a entraîné une baisse sans précédent de la consommation de bière, les pubs pourraient voir leurs recettes décoller de 75% ce weekend, engendrant selon le cercle de réflexion CEBR 210 millions de livres (248 millions de francs). Malgré cet attrait, de nombreux établissements de Greenwich ont décidé de ne pas encore accueillir de visiteurs samedi.
Dans le centre habituellement bondé de Newcastle, au nord-est de l'Angleterre, seul un pub sur trois sera ouvert, ont annoncé les autorités locales. Selon un sondage YouGov pour Sky News, 70% des Anglais ne se sentent pas à l'aise à l'idée d'aller au pub ou au cinéma, 60% à l'idée d'aller au restaurant.
/ATS