Des boissons alcoolisées sont remises à des mineurs dans près de 30% des cas, un chiffre qui stagne depuis 2009, note Addiction Suisse. Ces ventes illégales adviennent lorsque le personnel est sous pression ou par peur de perdre la clientèle au profit des concurrents.
En cas de forte affluence et devant l'impatience voire les insultes des clients, les vendeurs ne gèrent pas toujours le problème de la vente d'alcool aux mineurs de manière adéquate, souligne Addiction Suisse. Pour cette étude mandatée par l'Administration fédérale des douanes, l'association a mené 30 entretiens approfondis avec des employés de la vente et du service des trois régions linguistiques.
Seuls les employés du commerce de détail sont systématiquement formés à la vente d'alcool aux jeunes. Une instruction standardisée devrait être assurée dans tous les points de vente pour permettre aux employés de connaître les dispositions légales et de réagir correctement dans les situations délicates, note Addiction Suisse. Par ailleurs, le soutien des supérieurs est également indispensable.
Le personnel rechigne parfois à demander la carte d'identité. Les contrôles seraient plus faciles si, jusqu'à un certain âge encore à définir, les jeunes devaient la présenter automatiquement pour acheter de l'alcool, poursuit l'association. En outre, les employés interrogés seraient favorables à l'unification de la limite d'âge à 18 ans pour l'achat de toute boisson alcoolisée, comme au Tessin.
Lors de fêtes et de manifestations, la situation devient souvent difficile pour le personnel, souvent débordé. Dans les bars et les pubs, la remise de bracelets de différentes couleurs faciliterait les contrôles lorsqu'il n'y a pas de filtrage à l'entrée.
De l'argent qui s'envole
Autre problème, tant dans la restauration que pour que pour les petits points de vente: les établissements ont parfois peur de perdre de l'argent s'ils effectuent des contrôles trop stricts. Les clients risquent de se rabattre sur des concurrents moins regardants. C'est pourquoi les achats-tests, qui ont un effet dissuasif, devraient être élargis et réalisés régulièrement, selon Addiction Suisse.
Plusieurs employés interrogés ont également souligné qu'ils restaient impuissants lorsque des personnes en âge d'acheter de l'alcool remettent ensuite leurs biens à des mineurs à l'extérieur de l'établissement. Une campagne devrait être orchestrée pour sensibiliser davantage la population à cette problématique.
En 2016, 314 jeunes de 10 à 17 ans ont été hospitalisés suite à une intoxication alcoolique, rappelle Addiction Suisse. En outre, selon une enquête de 2018, 25% des élèves de 15 ans s'étaient enivrés au moins une fois au cours du mois précédent. Plus de 20% d'entre eux avaient acheté l'alcool consommé au moins une fois eux-mêmes.
/ATS