Le National débat de deux initiatives populaires anti-pesticides

Faire confiance aux paysans ou agir en urgence pour éviter l''apocalypse', les deux initiatives ...
Le National débat de deux initiatives populaires anti-pesticides

Le National débat de deux initiatives populaires anti-pesticides

Photo: KEYSTONE/ANTHONY ANEX

Faire confiance aux paysans ou agir en urgence pour éviter l''apocalypse', les deux initiatives populaires anti-pesticides ont divisé mercredi les députés du National. Si pour les uns, les mesures déjà prévues suffisent, les autres plaident pour un contre-projet.

Les partis semblent d'accord pour rejeter l'initiative populaire 'pour une Suisse sans pesticides de synthèse' et celle 'pour une eau potable propre et une alimentation saine', qui vont selon eux trop loin. Ils sont en revanche très divisés sur un possible contre-projet.

Les mesures prévues par le Conseil fédéral dans le cadre de la politique agricole 2022+ (PA22) et dans le plan d’action 'Produits phytosanitaires' sont suffisantes, a déclaré Olivier Feller (PLR/VD) au nom de la commission. L’utilisation des produits phytosanitaires a en outre nettement reculé ces dernières années.

'Caractère extrémiste'

Ces deux initiatives ont un 'caractère extrémiste', a clamé M. Feller. Il a dit craindre une série de contrecoups si elles étaient acceptées, notamment une baisse de la production agricole, menant à une augmentation des prix, des importations et du tourisme d'achat.

La gauche estime au contraire que des mesures s’imposent. Elle voudrait renvoyer le dossier en commission pour que celle-ci propose un contre-projet indirect, afin d'atteindre trois objectifs: réduction de moitié des risques liés aux pesticides et encouragement d'alternatives, meilleure protection contre les atteintes nuisibles et nette baisse de l’apport en substances étrangères dans les nappes phréatiques.

Deux propositions de contre-projets directs sont aussi sur la table. L'une reprend le texte de l’initiative pour une eau potable propre à l’exception des points difficiles à mettre en œuvre. L'autre entend diminuer les apports de substances agricoles pouvant affecter l’environnement.

'Apocalypse évitable'

'Il ne s'agit pas de détails techniques, mais d'extinctions d'espèces', a prévenu Regula Rytz (Verts/BE). La Bernoise propose d'accepter l'initiative si aucun contre-projet ne lui est opposé. 'Refuser tout, c'est rester assis à ne rien faire', a condamné Samuel Bendahan (PS/VD). Il a appelé à faire un pas en avant pour éviter 'l'apocalypse' que représente le déclin de la biodiversité.

'Nous subventionnons la destruction de notre environnement', a renchéri Kathrin Bertschy (PVL/BE). 'Ne rien faire donnerait un signal très négatif à la population qui pourrait le faire savoir en acceptant l'une des initiatives', a ajouté Isabelle Chevalley (PVL/VD).

PLR divisé

L’agriculture a fait des grands progrès, a défendu Andreas Aebi (UDC/BE). 'Ce ne sont pas les lois qui font changer l'agriculture', elle est en changement permanent, a-t-il ajouté. Même son de cloche du côté du PDC, qui considère que l'agriculture continue de s'améliorer, a souligné Markus Rieter (PDC/SG) président de l'Union suisse des paysans (USP).

'Nous ne voulons pas mettre des bâtons dans les roues des paysans', a affirmé Martin Landolt (PBD/GL). Son parti a réfléchi au contre-projet indirect, mais ne le soutiendra pas, car ni l'USP, ni le Conseil fédéral n'en veulent. Les députés des trois partis sont opposés à tous les contre-projets et invitent à rejeter l'initiative.

Le PLR est lui convaincu qu'il faut agir, mais ses députés sont divisés. Une minorité d'entre eux est favorable au contre-projet indirect, a précisé Beat Walti (PLR/ZH). La majorité se repose sur le Conseil fédéral pour prendre les mesures adéquates et rejette donc tous les contre-projet.

Interdiction totale

L'initiative populaire sur les pesticides de synthèse demande d'interdire l'utilisation de ces produits dans la production agricole ainsi que pour l'entretien des sols et des paysages. Elle réclame également l'interdiction d'importer à des fins commerciales des denrées alimentaires qui contiennent des pesticides de synthèse.

L'autre initiative vise à garantir la qualité de l'eau potable. Les agriculteurs ne pourraient toucher de paiements directs qu'à la condition de respecter des exigences écologiques comme la préservation de la biodiversité, une production sans pesticides et des effectifs d'animaux nourris avec le fourrage produit dans l'exploitation.

Le débat doit reprendre jeudi matin.

/ATS
 

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