La Vue d'ensemble du développement de la stratégie de politique agricole 2022 est inutilisable et contradictoire, estiment jeudi les paysans. Ils ont adopté un manifeste pour la mise en oeuvre du nouvel article constitutionnel sur la sécurité alimentaire.
Pour la faîtière des paysans, ce document n'est pas une base de discussion. La Vue d'ensemble est trop déséquilibrée. Cela ne veut pas dire que les paysans refusent toute discussion, a dit à l'ats sa porte-parole Sandra Helfenstein à l'issue de l'assemblée annuelle de l'Union suisse des paysans (USP).
'Moment noir'
Le Conseil fédéral a 'grossièrement fait fi de la volonté exprimée par le peuple le 24 septembre' sur la sécurité alimentaire (79% de oui) dans son document, a dit le président de l'USP Markus Ritter devant les délégués. Sa vue d'ensemble méprise totalement le mandat que lui a confié le peuple.
Le 1er novembre, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann présentait la nouvelle stratégie agricole. Celle-ci propose notamment d'intensifier les accords de libre-échange et de réduire la protection douanière en vigueur en Suisse. Un 'moment noir' pour le secteur, a dit M. Ritter.
Privées d'avenir
L'USP avait déjà critiqué cette nouvelle politique qui selon elle 'n'apporte aucune perspective'. Pour M. Ritter, le gouvernement ne mesure pas la gravité des conséquences. 'Sans protection douanière efficace, il n'y aura plus de production agricole digne de ce nom en Suisse.'
Trois quarts des exploitations cesseront leur activité au moment de passer à la génération suivante. Les petites et moyennes exploitations seront privées de toute perspective d'avenir, a-t-il martelé.
'Il n'y a aucun besoin d'abaisser les droits de douane dans le domaine agricole.' Il faut au contraire continuer à développer la politique agricole à bon escient et endiguer les mauvaises incitations, a poursuivi le président de l'USP.
Coeur du métier
Jeudi, les paysans ont revendiqué l'application concrète de l'article sur la sécurité alimentaire. Ils ont adopté à l'unanimité un manifeste et demandent aux acteurs politiques, à la branche et à la société de s'engager pour préserver les bases de la production agricole. Ces exigences répondent à l'article sur la sécurité alimentaire.
Les conditions cadres doivent être créées pour préserver les bases de production agricole, notamment les terres cultivables, l'eau et le savoir-faire. Il faudra aussi veiller à une production adaptée aux conditions locales en utilisant les ressources naturelles de manière efficace.
L'agriculture et le secteur agroalimentaire devront répondre aux exigences du marché. Les relations commerciales transfrontalières devront contribuer au développement durable du secteur.
/ATS