La Suisse aura balisé en marge du WEF à Davos (GR) son territoire pour 2020 auprès de ses principaux partenaires, l'UE et les Etats-Unis, sans avancée immédiate. La première se montrera patiente jusqu'en mai au moins et les seconds veulent un accord commercial.
Pour la Suisse, la participation à la fois d'une délégation européenne de taille et du président américain Donald Trump donnait un volume élevé à cette 50e édition du Forum économique mondial (WEF). L'ensemble du Conseil fédéral s'est déplacé dans la station grisonne.
Sur les deux fronts, aucune avancée immédiate mais des discussions qui ont permis de clarifier un peu le contexte. Avec l'UE, aussi bien la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga que le chef de la diplomatie Ignazio Cassis ont eu le sentiment d'avoir réussi à geler les attentes jusqu'à la votation de mai sur l'initiative sur la libre circulation.
La première a décelé chez la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen 'un intérêt à trouver des solutions'. Et le Tessinois s'est réjoui de la 'patience' de Bruxelles, tout en relevant qu'il faudrait arriver dès le 18 mai avec des propositions sur les trois thématiques qui posent encore problème sur l'accord-cadre.
Une mise en garde que reflètent encore les déclarations de la Commission européenne après la rencontre avec la délégation emmenée par Mme Sommaruga. Mme von der Leyen souhaite une signature et une ratification 'dès que possible' de l'accord, laissant entendre que les Européens voudront avancer rapidement après la votation. Bruxelles attend aussi de la Suisse qu'elle continue à contribuer à la cohésion de l'UE avec une nouvelle enveloppe.
Optimisme et prudence sur Trump
Le dialogue avec les Etats-Unis aura été plus ciblé que celui avec les Européens, mené tout au long de la semaine. Mais Donald Trump n'a pas hésité à asséner dès le début de la discussion son souhait d'atteindre un accord commercial avec la Suisse.
Sans mettre de pression pour le finaliser avant la présidentielle américaine de novembre prochain. Comme avec le Brexit dans le dialogue suisse avec Bruxelles, d'autres dossiers pourraient décaler le rythme des discussions entre Berne et la Maison Blanche. Le président américain a clairement établi à Davos la seconde phase de l'accord récent avec la Chine et un arrangement avec l'UE comme priorités pour les prochains mois.
Sur ce dialogue avec les Etats-Unis, l'optimisme de certains dirigeants politiques tranche avec la prudence des négociateurs. L'ambassadeur américain en Suisse Edward McMullen a fait état de 'vraies chances' d'aboutir et M. Cassis estime 'possible' un consensus avant le scrutin aux Etats-Unis.
Mais il faut désormais du 'concret', a relevé Guy Parmelin. Les discussions pilotées par la secrétaire d'Etat à l'économie Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch et le représentant américain au commerce Robert Lightheizer ne sont toujours qu'exploratoires. La première a fait comprendre que les contours du contenu ne sont pas encore identifiés. Et la question agricole, incontournable pour les Etats-Unis, divise toujours.
Autre sujet qui oppose les deux pays, la crise institutionnelle à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a été un peu allégée à Davos. La Suisse et 16 autres membres ont décidé d'oeuvrer rapidement à des 'mesures d'urgence' face au blocage américain qui a rendu le tribunal d'appel de l'institution dysfonctionnel.
Politique relevée par plusieurs pays
Parmi les dizaines de rencontres bilatérales, Berne a aussi pu accumuler cette semaine les remerciements pour ses bons offices. De l'Iran à l'Arabie saoudite en passant par la Colombie ou l'Ukraine, cette politique aura été mentionnée lors de nombreuses discussions.
Le président américain a notamment salué le rôle de la représentation suisse des intérêts de son pays en Iran dans l'apaisement des tensions après l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani. De son côté, le président autoproclamé vénézuélien Juan Guaido en aura appelé à la Suisse.
L'opposant au régime de Nicolas Maduro a dit attendre d'elle, comme de l'ensemble de la communauté internationale, une action pour 'stopper' l'extraction illégale d'or dans le sud de son pays. La Suisse constitue le principal marché mondial du commerce de ce bien.
Et pour Alain Berset, les discussions auront notamment porté sur l'urgence du coronavirus en Chine. Le conseiller fédéral estime la Suisse 'très bien préparée' et a également offert son aide au directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il faudra évaluer les possibilités.
/ATS