L'administration Trump a conclu vendredi que ni la Chine ni la Corée du Sud ne manipulaient leurs monnaies. Elle a toutefois inscrit ces pays, ainsi que l'Inde, sur sa liste d'observation où figurent déjà la Suisse, l'Allemagne et le Japon.
Ces Etats, qui contribuent au déficit commercial des Etats-Unis, sont surveillés pour leurs pratiques commerciales et sur le plan des devises. Selon le rapport du Trésor américain sur ce thème, remis deux fois par an au Congrès des Etats-Unis et publié vendredi, Washington affirme qu''aucun grand pays partenaire' n'a manipulé sa monnaie, ni rempli les critères d'échanges commerciaux qui pourraient le faire sanctionner.
Mais 'malgré l'accélération de la croissance mondiale, le déficit commercial des Etats-Unis s'est creusé en 2017, surtout parce que la croissance de la demande intérieure de nos grands partenaires est à la traîne par rapport à celle des Etats-Unis', indique le rapport.
Le document met en cause 'des barrières contre le commerce et l'investissement qui persistent au sein de nombreuses économies'.
Balance des services
A propos de la Suisse, Washington somme les autorités helvétiques d'être plus transparentes sur leurs interventions sur le marché des changes, alors que le franc suisse s'est un peu déprécié fin 2017. Son taux de change effectif réel n'est que de 3% au-dessus de sa moyenne au cours des 20 dernières années, relève le rapport.
Lors de la publication du dernier rapport en octobre, qui énonçait en substance les mêmes griefs, les Etats-Unis avaient néanmoins aussi reconnu que le déficit commercial avec la Suisse n'était pas si élevé, en tenant compte de la balance des services, positive pour Washington.
Concernant l'Allemagne, qui affiche le plus important excédent des comptes courants au monde (299 milliards de dollars en 2017), le Trésor déplore 'la quasi-absence de progrès dans la réduction de son excédent massif depuis trois ans'. L'Allemagne 'devrait prendre des mesures pour débrider la consommation et l'investissement intérieur', martèle l'administration américaine.
Sur le Japon, dont l'excédent commercial avec Washington a encore progressé à 69 milliards de dollars en 2017, le rapport relève que malgré une appréciation du yen cette année, déplorée par les autorités japonaises, celles-ci ne sont pas intervenues sur le marché des devises depuis six ans.
Chine, Corée du Sud, Inde
A propos de la Chine, qui n'a pas été officiellement épinglée par le Congrès pour la manipulation du yuan depuis 1994, l'administration Trump constate même que 'la monnaie chinoise a évolué vis-à-vis du dollar dans une direction qui devrait aider à réduire le déficit commercial avec les Etats-Unis'.
Malgré ce satisfecit, Washington déplore que l'économie chinoise s'éloigne 'de plus en plus' de l'économie de marché 'ce qui pose des risques pour ses partenaires commerciaux et la croissance mondiale à long terme'. Le déficit américain des échanges de biens avec la Chine a grimpé de 28 milliards de dollars l'année dernière, pour monter à 375 milliards.
L'Inde est, cette année, ajoutée à la liste des pays dont Washington surveille les pratiques commerciales car son excédent commercial avec les Etats-Unis a atteint un record à 28 milliards de dollars dont 23 milliards pour les seuls biens. Le rapport souligne que l'Inde est intervenue sur le marché des changes mais cela n'a pas empêché la roupie de s'apprécier de 6,4% l'année dernière
Au sujet de la Corée du Sud, l'administration américaine a noté qu'il y avait eu 'une accélération préoccupante des interventions' sur le marché des changes même si celles-ci n'ont pas réussi à enrayer l'appréciation du won face au dollar.
/ATS