Credit Suisse annonce des lendemains qui déchantent pour l'immobilier de bureau et les surfaces commerciales. La pandémie a accéléré le changement structurel favorisant la vente en ligne et donné ses lettres de noblesse au télétravail.
Pour l'instant, les surfaces de bureau n'ont subi que des pertes de loyers limitées, affirme mardi le numéro deux bancaire helvétique dans son 'Moniteur de l'immobilier suisse' pour le deuxième trimestre. La désertion des 'open spaces' mise à part, la crise du coronavirus n'a pour l'heure pas d'impact sur ce type d'objet.
A court terme, les pertes d'emplois prévues en raison de la crise - un recul estimé à 1,5% - vont entraîner une chute de la demande devisée à 770'000 mètres carrés, affirme la banque.
Le recours au télétravail pourrait donner des idées aux banques, assurances et autres cabinets d'avocats qui ont continué à fonctionner sans problème durant le semi-confinement. De nombreuses directions ont identifié ce potentiel d'économie et caressent l'idée de réduction des surfaces, avertit Credit Suisse.
Pour les économistes de la banque, il ne s'agit pas d'un bouleversement, mais d'une accélération de tendances déjà identifiées. Les expériences faites durant la pandémie ont permis de réaliser que le travail à domicile peut fonctionner. Les loyers constituent en règle générale une charge importante, à hauteur d'environ 5% des revenus, précise le communiqué.
Virage numérique avancé
Selon des sondages menés par Credit Suisse auprès d'entreprises, près de 14% des salariés pourraient rester soumis au régime du télétravail une fois la pandémie terminée. La grande banque estime à 7% les économies qui pourraient être réalisées rapidement en termes de loyer. Dans un horizon de dix ans, cette part devrait atteindre 15%.
Cette baisse de la demande doit cependant être relativisée car des tendances inverses - parmi lesquelles figurent la tertiarisation et la numérisation des activités - vont la compenser. Un recul des loyers ne pourra cependant être évité, selon Credit Suisse.
Pour les surfaces commerciales, le virage du numérique arrivera plus vite que prévu, avec un risque de sortie de route pour les bailleurs et propriétaires. Le moment où les consommateurs consacreront une 'part durable' de leur argent au commerce en ligne arrivera trois ans plus vite que précédemment escompté, en raison des habitudes prises durant la pandémie de coronavirus. Le commerce stationnaire risque de se retrouver sur la bas-côté de la route.
Pour la banque aux deux voiles, les investisseurs ne s'y sont pas trompés. Les sociétés immobilières (-7,5%) et les fonds spécialisés dans les surfaces commerciales (-9,3%) ont vu leurs cours nettement reculer depuis le début de l'année, une contreperformance à comparer à la quasi stabilité (-0,8%) de l'immobilier d'habitation. Dans ce segment, les défaillances de loyers devraient être anecdotiques.
Malgré des taux d'intérêt historiquement bas, l'acquisition de biens immobiliers a plongé temporairement. Un rebond est attendu, mais il faudra faire preuve de patience, tout comme pour l'économie dans sa globalité.
/ATS