L'idée de primes d'assurance maladie liées au mode de vie semble gagner du terrain, selon une étude de l'institut Sotomo mandatée par la Fondation Sanitas. A l'heure de la transformation numérique, la solidarité est sous pression.
Pour la 2e année consécutive, la Fondation Sanitas Assurance maladie a publié une étude sur l'évolution des comportements et de l'opinion de la population suisse dans le contexte de la transformation numérique. L'étude effectuée en février 2019 a sondé 2074 adultes, un échantillon jugé représentatif de la population suisse de plus de 18 ans.
Une majorité des personnes interrogées jugent important le principe de solidarité au sein de la société. La solidarité des riches envers les pauvres est considérée très importante par 61% des personnes interrogées. La solidarité des jeunes envers les personnes âgées recueille un même pourcentage, celle des personnes en bonne santé envers les malades est qualifiée de très importante par 56% des répondants.
Primes individualisées
Dans le même temps, plus de la moitié des sondés (53%) considèrent que la transformation numérique mettra cette solidarité à l'épreuve. Ce clivage apparaît ainsi dans la question de l'assurance maladie.
Environ la moitié des répondants (49%) pensent que les personnes qui entretiennent leur santé et mangent sainement devraient payer des primes plus basses que les autres. Dans l'enquête de 2018, cette proportion était de 40%.
Le rejet d'une individualisation des primes a perdu du terrain, passant de 56 à 46%. Le pourcentage des personnes indécises est resté stable à 5%. Seuls 13% des personnes interrogées pensent que tous les groupes devraient payer les mêmes primes.
La solidarité est particulièrement mise à mal parmi ceux qui estiment avoir un mode de vie plus sain que les autres personnes du même âge: près des deux tiers d'entre eux (63%) sont favorables à des primes individualisées. Parmi ceux qui pensent avoir un mode de vie moins sain, près des deux tiers sont opposés à ce système.
La performance quotidienne
Le domaine de la collecte numérique de données sur la santé et les comportements montre aussi un tableau ambivalent entre principes généraux et pratiques au quotidien. Deux personnes sur trois déclarent en effet que cette récolte d'informations sur leurs performances et sur leur vie crée une pression. Un tiers seulement considère qu'un suivi complet de l'activité physique peut accroître la responsabilité individuelle.
Reste que près des trois quarts des sondés enregistrent activement ou ont déjà enregistré par le passé des informations telles que la fréquence cardiaque, la qualité du sommeil ou le nombre de pas effectués chaque jour. Cette dernière mesure est d'ailleurs la plus populaire parmi les personnes interrogées. Plus de la moitié d'entre elles l'ont déjà testée une fois tandis que trois sur dix l'utilisent régulièrement, selon le sondage.
Les opportunités du numérique
Les auteurs de l'étude relèvent qu'un nombre croissant de personnes pensent que la transformation numérique apporte de nouvelles possibilités. Elles semblent ainsi assez bien disposées à l'égard de l'économie collaborative (Uber, Airbnb, plateformes de freelances), alors que, dans le débat politique, ce modèle est souvent associé à une précarisation des conditions de travail.
La majorité des répondants sont par ailleurs sceptiques face à de nouvelles formes de soutien mutuel comme le financement participatif, les groupes d'entraide en ligne ou des outils collaboratifs comme Wikipedia. Cinquante-huit pourcents d'entre eux pensent qu'ils ne sont pas en mesure de compenser la perte de cohésion sociale observée dans d'autres domaines.
/ATS