Certains secteurs de l'économie se portent très bien malgré la crise du coronavirus. L'Union syndicale suisse (USS) demande des hausses de salaires jusqu'à 100 francs par mois ou jusqu'à 2% dans les branches et entreprises qui en ont les moyens.
Il ne faut pas oublier que 'cette année encore des dizaines de milliards de francs de dividendes sont versés, et tout indique que ce sera encore le cas l'an prochain', martèle Pierre-Yves Maillard, président de l'USS, devant les médias lundi à Berne. La crise ne peut pas servir d'argument partout et pour tout le monde.
Certaines branches très touchées au début se sont vite remises. Comme le travail temporaire qui, après une forte chute en mars, a joui d'une reprise en 'V', note Véronique Polito, membre du comité directeur d'Unia. D'autres branches ont connu 'un développement exponentiel', comme le commerce en ligne et la logistique. Le commerce de détail alimentaire a également fait de bonnes affaires.
L'activité économique s'est aussi nettement accélérée dans la construction, l'artisanat ou la pharma. Sans compter les banques et la finance, qui se distinguent par de très bonnes performances. Des hausses substantielles des salaires sont donc plus que possibles dans une partie de l'économie suisse pour 2020 et 2021.
Même hors Covid-19, elles sont justifiables, insistent les fédérations de l'USS. Ces dernières années, les salaires réels ont stagné malgré l'essor économique. Ce n'est qu'en 2019 qu'ils ont à nouveau progressé (environ 0,5%), après deux mauvaises années. Une hausse 'clairement insuffisante' au vu du développement favorable des affaires et d'une croissance de 5,9% du PIB de 2017 à 2019.
Soutien aux employés touchés
Les entreprises qui s'en sortent bien aujourd'hui 'ont un devoir moral de soutenir le pouvoir d'achat et la relance', souligne Mme Polito. C'est une forme de reconnaissance pour celles et ceux qui ont été les plus exposés pendant la crise et 'de solidarité avec les branches durement touchées dont certaines dépendent de la consommation intérieure', abonde Pierre-Yves Maillard.
Le problème du pouvoir d'achat en Suisse existait déjà avant la crise sanitaire, mais s'est aggravé ces derniers mois, rappelle de son côté Daniel Lampart, premier secrétaire de l'USS. Ce sont les travailleurs ayant des bas salaires qui ont été les plus durement touchés par la crise, comme dans l'industrie horlogère, l’hébergement/restauration, le tourisme ou l'événementiel.
En plus des hausses de salaires, les fédérations de l'USS réclament ainsi le versement d'un 13e salaire complet dans les branches frappées par la crise où les employés ont été temporairement mis au chômage partiel. Enfin, là où le chômage partiel a encore cours aujourd'hui, ils doivent compléter les indemnités pour que les gens touchent l’intégralité de leur rémunération, et non 80%.
Des hausses 'urgentes'
Souvent, des employés dans des situations chaotiques ont continué au plus fort de l’épidémie et au péril de leur santé à fournir des services essentiels à la population. Dans le secteur de la santé par exemple, les hausses de salaires sont 'nécessaires et urgentes', en plus d'une baisse de la durée hebdomadaire du travail et d'autres mesures encore, écrit le Syndicat des services publics (SSP).
Le SSP annonce d'ailleurs une action de protestation sur la Place fédérale, à Berne, le 31 octobre prochain. Le personnel de l'accueil extrafamilial des enfants, qui doit lui aussi absolument voir son salaire augmenter et ses conditions de travail s'améliorer, descendra le 26 septembre dans les rues de Zurich.
Quant à l'Association suisse des employés de banques, elle demande une augmentation salariale de 1,8% jusqu'à un montant de 148'000 francs ainsi qu'une prime Covid-19 de 900 francs pour tous les employés. Ceci tant pour récompenser leurs efforts que pour soutenir le pouvoir d’achat et démontrer ainsi la solidarité du secteur avec ceux fortement touchés par les mesures de protection.
/ATS