Les représentants des 27 Etats membres de l'UE ont approuvé lundi les conditions des négociations avec le Royaume-Uni sur leur future relation commerciale. Ils ouvrent ainsi un nouveau chapitre post-Brexit qui s'annonce particulièrement tendu.
Après le feu vert des ambassadeurs, le mandat de négociation devra encore être formellement adopté mardi lors d'une réunion ministérielle. 'On a un accord sur le mandat au niveau des ambassadeurs qui l'ont adopté par consensus. C'est une bonne nouvelle', a dit une source européenne. 'Le mandat a été clarifié sur tous les points où c'était nécessaire', a précisé une autre source.
Alors qu'ils s'étaient déchirés la semaine dernière sur le budget de l'UE des sept prochaines années, les 27 ont fait preuve, une fois encore, d'unité face à Londres qui a décidé de les quitter. Ce feu vert est une étape décisive, car il permet le démarrage des premiers pourparlers, début mars, entre l'UE et le Royaume-Uni, soit un peu plus d'un mois après son départ le 31 janvier. Le mandat du négociateur britannique devrait être dévoilé jeudi.
Londres et Bruxelles n'ont que quelques mois d'ici la fin de l'année, pour s'entendre sur leur future relation. Durant cette période de transition, les Britanniques continuent d'appliquer les règles européennes. Samedi, le président français Emmanuel Macron, a émis des doutes sur la possibilité d'un accord global d'ici la fin de l'année. 'Ca va se tendre, car les Britannique sont très durs', a-t-il mis en garde.
'Partenariat ambitieux'
Dans une 'déclaration politique' signée en fin d'année dernière, les deux parties se sont engagées à conclure 'un partenariat ambitieux', avec 'des engagements fermes' garantissant une concurrence 'équitable'. Cette position commune s'est, cependant, largement distendue depuis.
Les Européens restent ouverts à un large partenariat, comprenant un accord commercial sans quotas ni droits de douane. Mais ils ont durci le ton - sous la pression de la France - sur les contreparties réclamées.
Craignant plus que tout la concurrence déloyale du Royaume-Uni, ils exigent qu'il continue de respecter certaines règles de l'UE 'au fil du temps', en particulier en matière d'aides d'Etat, d'environnement, de droit du travail et de fiscalité.
Cette demande, inédite dans un accord de libre-échange, s'explique par la proximité géographique et la forte intégration économique de Londres avec le continent. Elle a déjà été balayée la semaine passée par le négociateur britannique sur le Brexit, David Frost.
Pêche problématique
Les Britanniques semblent désormais se contenter d'un accord commercial basique, à l'image de ceux négociés par l'UE avec le Canada ou le Japon, mais qui préserverait leur capacité à réguler librement leur économie. 'Pour faire court, tout ce que nous voulons c'est ce dont bénéficient les autres pays indépendants', a résumé David Frost.
Même un 'no deal', avec ses lourdes implications sur l'économie, notamment des droits de douane parfois élevés, ne paraît pas les effrayer, si l'on en croit le négociateur britannique.
Outre les conditions de concurrence, les sujets de friction entre Londres et Bruxelles ne manquent pas, comme la future place des services financiers britanniques dans l'UE ou encore la question ultra-sensible de la pêche.
Sur ce dernier point, le mandat des Européens insiste sur le fait que le futur accord devra 'maintenir un accès réciproque' aux eaux territoriales des deux pays, ce qui semble difficile à accepter pour Londres.
L'UE aimerait également que la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) garde le dernier mot pour interpréter le droit de l'Union, en cas de différend entre Londres et Bruxelles, ce que le Royaume-Uni refuse.
/ATS