Jugeant la pandémie de coronavirus 'sous contrôle', l'Allemagne a débuté lundi son déconfinement, une lente et délicate opération. L'Europe cloîtrée depuis des semaines est encore meurtrie par la maladie mais impatiente de relancer son économie.
A ce jour, le continent européen a payé le plus lourd tribut, comptabilisant près des deux tiers des 165'216 morts recensés dans le monde lundi à la mi-journée. L'Italie a été le pays le plus touché (23'660 décès), suivi de l'Espagne (20'852), la France (20'265) et du Royaume-Uni (16'060), selon un dernier bilan de l'épidémie établi à partir de sources officielles.
En Italie, le nombre de malades a toutefois baissé lundi pour la première fois, ce que le chef de la protection civile Angelo Borelli a qualifié de 'donnée positive'. Et au Royaume-Uni, 449 morts ont été enregistrés lundi, soit le plus faible bilan quotidien depuis le 6 avril.
Avec 135'000 cas recensés et environ 4000 décès, la pandémie est en Allemagne 'sous contrôle et gérable', ont jugé les autorités. Elles ont autorisé la réouverture lundi matin des magasins d'une surface inférieure à 800 m2.
Masque 'fortement recommandé'
Commerces d'alimentation, librairies, garages, magasins de vêtements et autres fleuristes peuvent de nouveau accueillir des clients. Fédéralisme oblige, la mesure sera appliquée de façon sensiblement différente dans les seize Etats-régions du pays, et de nombreux commerces resteront encore porte close dans la capitale Berlin lundi.
Lieux culturels, bars, restaurants, terrains de sports demeurent néanmoins fermés. Les grands rassemblements tels que les concerts ou compétitions sportives, sont toujours interdits, au moins jusqu'à fin août. Ecoles et lycées rouvriront progressivement à partir du 4 mai.
Les rassemblements de plus de deux personnes restent proscrits, une distance minimale de 1,5 mètre est censée être observée dans les lieux publics, et le port du masque 'fortement recommandé'. La situation reste 'fragile', a prévenu la chancelière Angela Merkel.
'Nous sommes au début de la pandémie et nous sommes encore loin d'être sortis de l'auberge', a-t-elle déclaré, jugeant qu'il serait 'extrêmement dommage de connaître une rechute'. 'Aller trop vite serait une erreur, c'est ce qui m'inquiète', a-t-elle ajouté.
Cette stratégie de sortie de crise, mise en oeuvre par l'Allemagne, locomotive économique du vieux continent, est scrutée par une Europe qui vit sous cloche depuis près d'un mois. Certains pays s'apprêtent à entamer le défi du déconfinement à mesure que la maladie y apparait contenue.
Contenir les impatiences
Le défi est énorme : relancer progressivement l'activité, contenir les impatiences des populations enfermées, voire les risques d'explosion sociale, tout en prévenant une possible résurgence du virus et en préservant des systèmes sanitaires saturés. Signe de l'urgence économique, la Banque d'Espagne prévoit pour 2020 une chute vertigineuse, 'sans précédent dans l'histoire récente', de 6,6% à 13,6% du PIB du pays en raison de la pandémie.
L'Autriche avait permis mardi dernier la réouverture prudente de ses petits commerces et jardins publics. La Norvège a commencé lundi à rouvrir ses 'barnehager', établissements qui englobent crèches et école maternelle, premier pas d'une levée lente et progressive des restrictions décrétées mi-mars.
La France, l'Espagne et l'Italie, qui enregistrent des nombres de malades et de décès en baisse, après des semaines de hausse, se préparent elles aussi à de premières mesures de déconfinement dans les jours ou les semaines à venir. La France a fait lundi un premier pas en autorisant à nouveau, sous conditions, les visites aux pensionnaires des maisons de retraite.
L'OMS n'a 'rien caché'
Au Danemark, les petits commerces ont reçu lundi la permission de rouvrir leurs portes, à conditions d'appliquer de strictes mesures d'hygiène et de séparation. Les crêches danoises avaient rouvert le 15 avril. En Serbie, certaines mesures de restriction seront assouplies à partir de mardi. Les personnes de plus de 65 ans pourront ainsi sortir se promener trois fois par semaine, si elles restent près de chez elles.
En Italie, les premières mesures d'allègement ne seront pas prises avant le 3 mai. Mais peu à peu les entreprises rouvrent, même si c'est de façon partielle et avec beaucoup de précautions. Au Royaume-Uni, le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d'au moins trois semaines jeudi et le gouvernement n'envisage pas encore d'en sortir.
Mise en cause par Washington sur sa gestion de la crise du coronavirus, l'Organisation mondiale de la santé a continué à se défendre lundi, assurant, par la voix de son secrétaire général, avoir alerté le monde 'dès le premier jour' et 'n'avoir rien caché aux Etats-Unis'.
/ATS