La filiale de gestion d'actifs de la banque américaine JPMorgan Chase s'est désengagée de la coalition de lutte contre le changement climatique Climate Action 100+. C'est ce qu'a indiqué jeudi à l'AFP une porte-parole.
Le gestionnaire d'actifs américain State Street a également répondu en avoir fait de même, confirmant une information rapportée initialement par le quotidien Financial Times.
JPMorgan Asset Management et State Street faisaient partie des quelque 700 signataires du secteur financier qui se sont engagés à sensibiliser les sociétés les plus émettrices de dioxyde de carbone sur leur rôle dans le changement climatique.
Pour justifier sa décision JPMorgan AM a expliqué disposer désormais d'équipes dédiées à l'investissement responsable, à même d'analyser le profil de chaque société dans laquelle il peut potentiellement placer de l'argent. Ce désengagement intervient alors que Climate Action 100+, fondé en 2017, a décidé, en juin, de passer à la deuxième phase de son action, qui doit exercer désormais une pression sur les entreprises aux plus importantes émissions carbone.
En infraction avec les lois américaines
State Street a estimé, dans une déclaration transmise à l'AFP, que ces engagements faisaient entorse au principe d'indépendance de décision, car il s'agit d'une action coordonnée. Le sujet des critères environnementaux et sociaux est devenu un cheval de bataille pour une partie des républicains.
Ils estiment que la prise en compte du changement climatique dans des décisions d'investissement va à l'encontre des intérêts à long-terme des clients. Plusieurs Etats républicains ont adopté des textes leur permettant de se passer des services de sociétés utilisant des critères environnementaux dans leurs décisions d'investissement.
Dans une déclaration transmise au Financial Times, le premier gestionnaire d'actifs au monde, BlackRock, a fait part de son désengagement de Climate Action 100+, car sa stratégie est en infraction avec les lois américaines. Ces dernières imposent, selon la société financière, aux gérants d'agir uniquement dans l'intérêt des clients à long terme.
Revirement
Cette interprétation est contestée par de nombreux spécialistes, universitaires et dirigeants d'entreprises. Sollicité par l'AFP, BlackRock a confirmé que son activité au sein de Climate Action 100+ serait désormais limitée à sa filiale BlackRock International.
C'est un revirement pour le gestionnaire d'actifs, dont le PDG, Larry Fink, s'est plusieurs fois exprimé publiquement, ces dernières années, pour défendre la prise en compte du changement climatique dans des décisions d'investissement.
/ATS