Impact du Covid sur près de la moitié des travailleurs selon l'ONU

La crise liée à la pandémie menace désormais les revenus de près de la moitié des travailleurs ...
Impact du Covid sur près de la moitié des travailleurs selon l'ONU

La crise liée à la pandémie menace désormais les revenus de près de la moitié des travailleurs dans le monde. L'OIT a revu mercredi à Genève à la hausse ses estimations. Jusqu'à 305 millions d'équivalents plein temps pourraient être supprimés.

'Le besoin de protéger les plus vulnérables devient de plus en plus pressant', explique le directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT) Guy Ryder. 'Pour des millions de travailleurs, l'absence de revenus signifie qu'ils n'ont plus rien à manger', ajoute-t-il.

Il faut s'attendre à 'un impact massif sur la pauvreté', a-t-il affirmé à la presse. La part des personnes qui touchent moins de la moitié du revenu national moyen est passée de 26 à 59%.

Le danger est immédiat pour près de 1,6 milliard de personnes parmi les 2 milliards qui sont actives dans l'économie informelle. Selon les estimations, les revenus de ces personnes sont en recul de 60% en un mois. La baisse atteint même plus de 80% en Afrique et sur le continent américain et 70% en Europe. 'Sans sources de revenus alternatives, ces travailleurs et leurs familles' ne pourront plus faire face à la situation, selon l'organisation.

M. Ryder appelle à la solidarité et à répondre aux appels de supprimer la dette de certains Etats. Des pays comme la Suisse, les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne ont établi des paquets de soutien nationaux très importants 'parce qu'ils peuvent se le permettre'. Mais la collaboration internationale manque et 'il faut l'augmenter', explique M. Ryder. Le cadre tripartite de l'OIT peut constituer un exemple des efforts requis, dit-il.

Pas de chiffre à moyen terme

Par rapport au quatrième trimestre de l'année dernière, un recul de 10,5% des heures travaillées est attendu au deuxième trimestre dans le monde. Soit l'équivalent de 305 millions d'emplois à plein temps avec comme modèle une semaine de travail à 48 heures. Il y a trois semaines, l'OIT avait estimé la baisse à moins de 7% et équivalente à 195 millions de travailleurs à temps plein.

Cette détérioration est due au maintien et à l'extension des dispositifs de confinement. En revanche, aucune anticipation n'est possible pour le moment sur l'ensemble de l'année.

Par régions, le continent américain semble être le plus afffecté avec un recul de plus de 12% attendu. L'Europe suit de peu à 11,8%. Toutes les régions doivent faire face à une baisse de plus de 9%.

Autre indication, la part des travailleurs qui se trouvent dans des pays où une fermeture obligatoire ou recommandée est observée est en recul de plus de 80 à moins de 70% depuis deux semaines. Mais cette situation est surtout liée à l'allègement du dispositif en Chine. Dans les autres territoires, les mesures sont toutefois en augmentation.

Plusieurs centaines de millions d'entreprises

Au total, plus de 436 millions d'entreprises font face à des menaces élevées de perturbations, dont plus de la moitié sont actives dans la vente en gros et au détail. M. Ryder appelle à leur 'venir en aide' immédiatement. Son organisation souhaite elle des mesures urgentes, ciblées et flexibles pour soutenir notamment les petites entreprises, les travailleurs de l'économie informelle et les autres personnes vulnérables.

M. Ryder estime qu'il faut à la fois répondre aux défis de santé et ceux économiques dans cette crise même s'ils semblent se contraindre. 'Ce n'est pas facile mais il faut le faire', ajoute-t-il. Il répète aussi qu'un retour au travail doit être accompagné de garanties sur la protection et la sécurité des collaborateurs.

La crise montre que 'les résultats sont bien meilleurs' dans les pays où les syndicats et les institutions du travail fonctionnent bien, insiste M. Ryder. Si quelques violations aux droits du travail sont observées, il ne voit aucune justification pour limiter ceux-ci.

Il rejette aussi toute généralisation contrainte du télétravail après la pandémie. 'Nous devons pouvoir décider de quel monde du travail nous voulons', affirme le directeur général.

/ATS
 

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