Hausse des intoxications au paracétamol en Suisse

Les cas d'intoxication à l'antidouleur paracétamol ont plus que doublé en Suisse depuis 2003 ...
Hausse des intoxications au paracétamol en Suisse

Hausse des intoxications au paracétamol en Suisse

Photo: KEYSTONE/AP/FRANKA BRUNS

Les cas d'intoxication à l'antidouleur paracétamol ont plus que doublé en Suisse depuis 2003, selon une étude de l'EPFZ. Or une surdose peut s'avérer mortelle.

Le paracétamol est l’antalgique le plus fréquemment utilisé dans le monde. Il est en vente en Suisse non seulement sans ordonnance sous forme de comprimés de 500 milligrammes, mais depuis octobre 2003, les médecins le prescrivent aussi à une dose deux fois plus élevée, en comprimés de 1000 milligrammes.

'C’est un médicament très fiable, mais sur une courte durée pour calmer la douleur et pour autant que le dosage journalier ne dépasse pas la dose maximale recommandée', indique Andrea Burden, professeure de pharmaco-épidémiologie à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), citée mercredi dans un communiqué de cette dernière.

La dose journalière maximale recommandée pour les adultes est de 4000 milligrammes, soit quatre comprimés les plus fortement dosés ou huit des comprimés les plus faiblement dosés. Lors de surdosages, le paracétamol peut provoquer de graves intoxications débouchant même sur une insuffisance hépatique avec issue fatale, voire nécessiter une transplantation hépatique.

Consulter un professionnel

'Le problème du paracétamol est qu’il n’agit pas de la même façon chez tous les patients et contre tous les types de douleur', explique la Pre Burden. Si le médicament est inefficace pour une personne, celle-ci pourrait être tentée d’en augmenter la dose sans consulter un médecin.

'Il est très facile de dépasser le dosage journalier maximum en prenant juste quelques comprimés de 1000 milligrammes supplémentaires, tandis que le risque d’un surdosage accidentel est moins élevé avec des comprimés de 500 milligrammes', ajoute la chercheuse. Si le paracétamol n’a pas l’effet escompté, il faudrait de préférence consulter un spécialiste afin de trouver la meilleure option thérapeutique.

Hausse dramatique

Andrea Burden et son équipe ont analysé les chiffres de vente de la Société suisse des pharmaciens et les données de Tox Info Suisse, le centre suisse d’information toxicologique, concernant les cas d’intoxication liés au paracétamol durant les périodes avant et après l’introduction des comprimés à 1000 milligrammes.

En se basant sur ces chiffres de vente, les scientifiques font observer que ceux-ci ont rapidement gagné en popularité de façon continue depuis leur lancement. En 2005, la vente des comprimés à 1000 milligrammes a dépassé celle des comprimés de 500 milligrammes pour la première fois. Aujourd’hui, ils se vendent dix fois plus que ceux de 500 milligrammes.

Durant la même période, Tox Info Suisse a aussi enregistré un nombre plus élevé des cas d’intoxication. Cependant, dès 2005 on observe une hausse dramatique des cas d’intoxication de 40% en l’espace de trois ans: de 561 cas en 2005 à 786 cas en 2008.

'Nous pouvons donc conclure que l’augmentation des intoxications est liée à la mise sur le marché des comprimés de 1000 milligrammes', déclare Stefan Weiler, co-auteur de cette étude et directeur scientifique de Tox Info Suisse. Dans les années suivantes, le nombre des cas d’intoxication a continué à augmenter: on en déplorait 1188 en 2018.

Prescrire la dose inférieure

Pour Andrea Burden, 'il faudrait au moins que les boîtes de comprimés de 1000 milligrammes contiennent moins de comprimés'. 'Étant donné qu’il semble de plus en plus évident que le paracétamol n’est pas adapté pour le traitement des douleurs chroniques, on ne ressent pas le besoin d’utiliser des boîtes de 40 et de 100 comprimés', dit-elle.

Selon elle, 'les médecins devraient plutôt prescrire la dose inférieure de 500 milligrammes, car l’ingestion de deux comprimés permet également d’atteindre la dose de 1000 milligrammes, ce qui pourrait réduire le risque d’un dépassement accidentel de la dose journalière limite.

En attendant, il est important que les pharmaciens attirent l’attention des patients sur ce risque, conclut la chercheuse. Ces travaux sont publiés dans la revue américaine Jama Network Open.

/ATS
 

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