Sur la base d'une enquête et d'un sondage, le canton de Genève tire un premier bilan positif de l'enseignement à distance lors de la crise due à l'épidémie de Covid-19. Tant les écoles que les élèves et les parents ont joué le jeu.
'La fermeture des écoles a été un évènement brutal et inattendu pour l'ensemble du département. L'annonce du Conseil fédéral est tombée le vendredi 13 mars dans l'après-midi pour le lundi matin suivant', a rappelé jeudi devant les médias la conseillère d'Etat Anne Emery-Torracinta, en charge du Département de l'instruction publique (DIP). Les écoles genevoises ont été fermées pendant deux mois environ.
Les professionnels ont été soulagés sur le plan sanitaire mais inquiets pour les élèves, selon l'enquête réalisée par le service de recherche en éducation du 17 avril au 1er mai, sur la base du questionnaire élaboré par la Haute école pédagogique de Zoug. Sur les 16'687 réponses obtenues, 8241 proviennent des parents, 5634 des élèves, 2719 des enseignants et 93 des directions d'écoles.
Relation 'sereine'
Les élèves, tous degrés confondus, ont salué le fait d'avoir plus de temps en famille, mais ils ont regretté de moins voir leurs amis. Pour 36% d'entre eux, le plus grand défi a été d'organiser leur propre journée et, pour un tiers, d'apprendre à la maison, tandis que 25% ont déploré le constant contrôle parental. Reste que parents et élèves ont peur pour la suite du parcours scolaire.
Selon l'enquête, la relation entre les parents et l'école a été 'plutôt sereine' dans cette situation extraordinaire. Alors que 61% des parents pensent que l'école se soucie du bien-être et des préoccupations de leur enfant, enseignants et directions estiment que les parents ont été compréhensifs et n'ont pas eu trop d'attentes.
Les contacts des élèves avec l'école ont surtout eu lieu par mail: le taux passe de 56% au primaire à plus de 94% au post-obligatoire. Le téléphone portable et les plates-formes d'apprentissage ont aussi été bien utilisés. Le travail scolaire a été transmis via les outils numériques, même si le courrier postal est mentionné par 66% des enseignants du primaire.
Apprentissage sur le tas
Le sondage en ligne mené auprès des enseignants du 1er au 14 juin par le service école-médias (SEM) apporte un éclairage spécifique sur le numérique dans l'école à distance. Près de la moitié (45,7%) du corps enseignant y a répondu. Si seuls 16% d'entre eux utilisaient régulièrement les outils numériques proposés par le DIP, la proportion est passée à 91,5% durant cette période particulière.
Les enseignants ont appris sur le tas: 83% d'entre eux estiment que leurs compétences numériques ont augmenté depuis le 13 mars. Ils sont aussi une majorité (74%) à considérer qu'ils y passent quatre fois plus de temps qu'auparavant, notamment pour la préparation des cours. L'expérience incite deux tiers d'entre eux à continuer à avoir recours à ces outils dans leur enseignement.
Multiples dérogations
'Ce premier bilan non exhaustif ne permet pas de mesurer l'impact de cette période, notamment sur le décrochage scolaire', a souligné la conseillère d'Etat. Le DIP a annoncé le 20 avril la validation de l'année en cours. Résultat: 147 élèves de 8P ont obtenu une dérogation pour entrer au cycle d'orientation, tandis que 205 élèves de 10e année et 191 de 11e ont obtenu une dérogation exceptionnelle.
Dans l'enseignement post-obligatoire, le taux de réussite aux certificats et aux maturités est légèrement supérieur à celui des années précédentes. 'Sans brader les titres, les écoles ont tenu compte de cette situation particulière', note Mme Emery-Torracinta. En outre, le nombre de recours dans le secondaire II est deux fois plus important qu'en temps normal.
La rentrée 2020 s'annonce compliquée dans l'enseignement post-obligatoire, avec un nombre d'élèves plus important que prévu: 316 élèves de plus au collège et 48 de plus à l'école de culture générale. Les maturités professionnelles compteront 214 élèves supplémentaires, les jeunes ayant obtenu leur certificat fédéral de capacité craignant de ne pas trouver d'emploi.
/ATS