Après 24h de suspense, l'Agence France-Presse a un nouveau PDG : Fabrice Fries, magistrat à la Cour des comptes et ancien dirigeant de Publicis Consultants, a été élu jeudi. Il succédera à Emmanuel Hoog, qui avait annoncé la veille son retrait à la stupeur générale.
M. Fries, 58 ans, seul en lice, a obtenu au troisième tour de scrutin la majorité qualifiée, soit 13 voix sur les 18 membres du conseil d'administration, selon des administrateurs.
Son élection a été confirmée par le conseil d'administration dans un communiqué diffusé dans l'après-midi. Il va succéder dès lundi à Emmanuel Hoog, en poste depuis 2010 et dont le mandat à la tête de l'AFP s'achevait cette semaine.
Débrayage resté vain
Après l'annonce choc du retrait du PDG sortant, deux premiers tours de scrutin avaient été organisés mercredi, sans que Fabrice Fries ne recueille de majorité qualifiée, même s'il ne lui manquait plus qu'une voix pour être élu.
Dans la foulée, les représentants du personnel au conseil d'administration avaient réclamé la suspension du conseil d'administration jusqu'à jeudi après-midi.
A la mi-journée, les salariés avaient voté un débrayage à partir de 13h00, pour obtenir que le conseil d'administration déclare 'infructueuse' cette procédure d'élection, et que le conseil supérieur de l'AFP, une autre instance de gouvernance de l'Agence, désigne 'deux candidats', redonnant ainsi un 'vrai choix' aux administrateurs.
Mais ces demandes sont restées vaines, le conseil d'administration ayant décidé de procéder à l'élection du nouveau dirigeant de l'agence.
Hoog renonce
La ministre de la Culture Françoise Nyssen a félicité M. Fries pour son élection, estimant que son projet 'porte l'ambition d'une nouvelle étape pour relever le défi du numérique et du développement international' de l'AFP.
Fabrice Fries, 58 ans, était président de Publicis Consultants jusqu'en 2016. Cet ancien haut cadre des groupes de médias Vivendi et Havas a fait l'essentiel de sa carrière au sein du secteur privé.
Il est entré en 2006 chez Publicis comme secrétaire général et a pris la présidence de l'agence de relations publiques Publicis Consultants en 2009. Après son départ du groupe, il a réintégré la Cour des Comptes en janvier 2017.
Emmanuel Hoog, 55 ans, ancien président de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) de 2001 à 2010, avait lui décidé il y a quelques semaines de briguer un troisième mandat de 5 ans à la tête de l'Agence.
Il a annoncé mercredi aux administrateurs et aux salariés, à la stupeur générale, le retrait de sa candidature, affirmant que son projet 'ne recueillait pas les soutiens nécessaires et indispensables de l'Etat'.
Craintes de privatisation
Lors de l'AG des salariés, les représentants du personnel ont déploré ce retrait, jugeant qu'il avait plongé l'AFP 'dans une situation baroque et étrange'.
Par ailleurs, des salariés ont exprimé des inquiétudes à l'égard du projet de Fabrice Fries, notamment sa proposition 'd'ouvrir le dossier de la capitalisation de l'agence' quand le plan de transformation qu'il propose aura commencé à porter ses fruits. Une proposition qui fait ressurgir des craintes d'une privatisation à terme de l'Agence.
Priorité à la vidéo
Dans un message aux représentants du personnel, M. Fries a assuré que cette proposition n'est pour lui 'pas une priorité' et que toute réforme du statut 'devra veiller à respecter l'indépendance éditoriale qui est le principal actif de l'AFP'. Sa priorité est d'accélérer encore plus le développement de l'AFP dans la vidéo, afin que l'image (photo et vidéo) atteigne 50% de son activité en 2022, contre 39% actuellement.
Dans un communiqué publié après son élection, l'intersyndicale a mis le nouveau PDG 'en garde contre toute tentative de modification du statut de l'AFP qui mettrait en péril son indépendance éditoriale, technique et financière, ainsi que sa mission d'intérêt général' .
Créée à la Libération, l'AFP est présente dans 151 pays et emploie plus de 2400 collaborateurs de 80 nationalités qui produisent plus de 5000 dépêches par jour, 3000 photos et 250 vidéos.
/ATS