Les salariés de la tour Eiffel, en grève depuis lundi pour contester le modèle économique du site et s'inquiéter de sa 'dégradation', ont mis fin samedi à leur mouvement, ouvrant la voie à la réouverture au public dimanche du monument emblématique.
Le personnel a obtenu d'être associé 'dès la semaine prochaine' à un 'dialogue direct avec la mairie de Paris' portant sur le 'modèle économique général' de la tour, et a donc voté la fin de la grève 'à l'unanimité', a indiqué dans un communiqué l'intersyndicale CGT-FO du monument.
La réouverture ne sera effective que dimanche matin, le temps que l'équipe technique remette les ascenseurs en route en vue d'un 'accueil en toute sécurité', ont souligné les syndicats.
La Société d'exploitation de la tour Eiffel (Sete) a 'renouvelé ses excuses' aux quelque 100'000 visiteurs qui ont 'trouvé portes closes' depuis lundi. Ces derniers seront 'automatiquement et intégralement remboursés dans les meilleurs délais', a-t-elle précisé.
Si elle avait perduré au-delà de dimanche après-midi, cette grève aurait été la plus longue de l'histoire récente du monument touristique figurant parmi les plus visités au monde. A l'automne 1998, la tour est restée fermée pendant six jours et demi.
Modèle économique 'intenable'
Les deux syndicats du personnel du monument, la CGT et FO, avaient lancé la grève afin de 'dénoncer la gestion actuelle' du symbole de la capitale et de la France, inauguré en 1889 pour l'exposition universelle de Paris. Selon eux, la mairie de Paris, actionnaire ultra-majoritaire de la Société d'exploitation de la tour Eiffel (Sete), impose un modèle 'intenable'.
L'équilibre économique de la tour Eiffel, qui a retrouvé en 2023 une fréquentation supérieure à ce qu'elle était avant la pandémie de Covid, avec 6,3 millions de visiteurs, a été fragilisé par quelque 130 millions d'euros de manque à gagner lors des deux années de crise sanitaire (2020 et 2021).
Pour faire face, la Sete a été recapitalisée à hauteur de 60 millions d'euros en 2021. Mais aux pertes de recettes s'est ajoutée une ardoise équivalente (environ 130 millions d'euros) de surcoûts de travaux de rénovation, principalement liés à l'actuelle campagne de peinture, compliquée par la découverte de traces de plomb.
A ce sujet, les syndicats ont également justifié leur grève par la 'dégradation inquiétante' de la célèbre structure métallique.
'Attachement affectif'
L'accord de sortie de grève prévoit que 'les parties feront régulièrement un point de suivi du modèle économique' et des travaux à mener dans la tour, 'à travers une instance qui se réunira tous les six mois', a précisé la Sete.
Ces réunions devront notamment permettre le suivi d'un avenant au contrat qui lie la Sete et la mairie de Paris, et qui prévoit une hausse de 20% des tarifs d'entrée, un retour à l'équilibre financier 'dès 2025', et 145 millions d'euros d'investissements supplémentaires pour des travaux d'entretien du monument.
Ce conflit est survenu après 'trois années compliquées' pour les quelque 360 salariés, a relevé le président de la Sete, Jean-François Martins. La crise du Covid-19 puis d'importants travaux 'ont généré des inquiétudes, et cela nécessitait sans doute des explications sur ce nouvel avenant, qui permet de retrouver confiance dans l'avenir'.
'Pour s'assurer de la bonne tenue de ces engagements, les représentants des salariés veulent s'assurer de pouvoir y jeter un oeil régulièrement, ce qui n'est pas une demande illégitime', a ajouté M. Martins. 'Une phase de dialogue s'installe, on va voir ce qu'elle donne', a commenté de son côté Stéphane Dieu, le délégué syndical CGT, pour qui ce conflit s'explique en partie par 'l'attachement affectif' des salariés à la tour et leur 'fierté' d'y travailler et de la défendre.
/ATS