Israël bombarde mercredi encore la bande de Gaza. Suite à un accord entre les belligérants, l'enclave assiégée attend de recevoir une aide humanitaire pour la population palestinienne en échange de médicaments pour les otages israéliens.
Des témoins ont notamment parlé de bombardements dans la nuit près de l'hôpital Nasser à Khan Younès (sud) où se cachent, selon l'armée israélienne, des responsables du Hamas. Un correspondant de l'AFP a également fait état d'une série de frappes nocturnes dans cette ville.
Evoquant 'la nuit la plus difficile et la plus intense à Khan Younès depuis le début de la guerre', le mouvement islamiste palestinien a fait état d'au moins 81 morts dans la nuit dans cette ville et ailleurs dans la bande de Gaza, où la situation humanitaire est jugée 'catastrophique' par l'ONU qui parle de 'risque de famine' et d''épidémies mortelles'.
'Tout est pris pour cible'
Les Israéliens 'nous ont dit d'aller au sud, on est allé au sud, mais il n'y a aucun endroit sûr à Gaza, ni au nord, ni au sud, ni au centre. Tout est pris pour cible, c'est dangereux partout', se désole Oum Mouhammad Abou Odeh, qui a fui Beit Hanoun (nord) pour se retrouver à Rafah, dans le sud à la frontière avec l'Egypte.
La présente guerre, dernier épisode du très long conflit israélo-palestinien, a été déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'environ 1140 personnes, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
Quelque 250 personnes ont été prises en otages et emmenées à Gaza lors de l'attaque, dont une centaine ont été libérées à l'occasion d'une trêve fin novembre. Selon les autorités israéliennes, 132 sont encore dans le territoire palestinien, dont 27 seraient morts.
Selon un bilan communiqué jeudi par le ministère de la Santé du Hamas, 24'448 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents y ont été tués dans les attaques israéliennes enclenchées depuis. L'armée israélienne a elle annoncé mercredi la mort de deux soldats, portant désormais à 192 le nombre de militaires tués.
Médicaments contre aide
Mardi, le Qatar a annoncé un accord entre Israël et Hamas, négocié conjointement avec la France, 'portant sur l'entrée de médicaments (...) pour les otages en échange d'une cargaison d'aide humanitaire pour les civils dans la bande de Gaza'.
Selon Doha, les médicaments et l'aide à destination de Gaza, devaient être envoyés mercredi à Al-Arich, en Egypte, 'à bord de deux avions des forces armées qataries'. Une source de sécurité égyptienne a fait état mercredi matin de l'arrivée d'un avion qatari à Al-Arich 'transportant des médicaments'.
Au moins un tiers des otages souffrent de maladies chroniques et nécessitent un traitement, selon un rapport récent du Collectif des familles d'otages, 'Bring them home now' ('Ramenez-les maintenant à la maison').
A Tel-Aviv, des manifestants israéliens anti-guerre ont affronté mardi soir la police lors d'un rassemblement contre le gouvernement de Benjamin Netanyahu et sa guerre à Gaza.
'Solution politique', seule voie possible
'C'est un cercle vicieux de violence sans fin qui ne mène à rien. Seule une solution politique apportera la paix, l'égalité et la justice dans la région', a déclaré à l'AFP Michal Sapri, une manifestante.
Depuis Davos (GR), le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé mercredi Israël, au nom de sa 'sécurité', à aider plutôt qu'à entraver l'Autorité palestinienne, qui ne peut pas fonctionner de manière efficace sans ce 'soutien'.
Dans sa déclaration en marge du Forum économique mondial, M. Blinken a évoqué 'une Autorité palestinienne plus forte, réformée, qui peut efficacement oeuvrer pour son peuple (...)' et qui aura besoin pour cela du 'soutien et l'aide d'Israël et pas (de) son opposition active'.
Cette semaine, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avait annoncé que la phase 'intensive' des opérations armées dans le sud de Gaza, après celles presque achevées dans le nord, se terminerait 'bientôt'.
Sept nouveaux morts en Cisjordanie
Entre-temps, les violences se sont étendues à la Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967 en violation du droit international. L'armée israélienne a indiqué mercredi avoir tué près de Naplouse dans une frappe aérienne un Palestinien décrit comme le chef d'une 'cellule terroriste', qui 'prévoyait une attaque terroriste imminente de grande ampleur'.
Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé la mort de sept personnes dans une frappe de l'armée israélienne, dans le camp de réfugiés de Tulkarem, dans le nord-ouest de la Cisjordanie.
En début d'après-midi, un photographe de l'AFP a rapporté de fortes explosions et des tirs d'armes automatiques dans ce camp, alors qu'une vingtaine de soldats appuyés par des drones et de blindés allaient de maison en maison.
Liban, Yémen
Cette guerre exacerbe aussi les tensions régionales. A la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs sont quotidiens, l'armée israélienne a annoncé mardi de nouvelles frappes contre des positions du Hezbollah dans le sud du Liban.
L'armée américaine a mené mardi de nouveaux bombardements au Yémen, disant cette fois viser un site depuis lequel les rebelles Houthis s'apprêtaient à lancer quatre missiles.
Les Houthis ont multiplié les attaques contre les navires marchands en mer Rouge qu'ils disent liés à Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
/ATS