En campagne à El Paso, ville texane frontalière avec le Mexique, Donald Trump a martelé lundi soir que les murs permettaient de 'sauver des vies'. Il est toutefois resté évasif sur les délicates négociations en cours au Congrès sur l'immigration.
Peu avant qu'il ne monte sur scène, des élus ont pourtant annoncé un accord de principe entre démocrates et républicains pour éviter une nouvelle paralysie partielle de l'administration fédérale dans quatre jours. Mais Donald Trump ne s'est pas directement prononcé sur cette possible percée. 'Ils ont dit que des progrès avaient été enregistrés (...) Je ne sais pas ce qu'ils veulent dire', a-t-il lancé.
Concernant le financement d'un mur à la frontière mexicaine, qui fait l'objet d'une âpre bataille entre le président américain et les élus démocrates depuis des semaines, l'accord de principe prévoit 1,375 milliard de dollars pour la construction d'une nouvelle portion de 55 miles (environ 88 kilomètres), selon un haut responsable parlementaire. Donald Trump, dont la construction d'un mur pour lutter contre l'immigration clandestine en provenance d'Amérique du Sud est une promesse de campagne, réclame 5,7 milliards de dollars.
'Nous avons besoin d'un mur (...) et nous le construirons rapidement', a-t-il martelé à El Paso. 'Les murs ne sont pas immoraux comme cela a été dit'. Non loin de là, une manifestation, organisée par plusieurs ONG, visait à dénoncer 'l'obsession de Trump sur le mur frontalier et le prisme déformant avec lequel il décrit la vie à El Paso'.
Journalistes attaqués
La semaine dernière, lors de son discours annuel devant la Congrès, le locataire de la Maison Blanche a en effet cité la ville en exemple. Mais ses arguments n'ont pas, loin s'en faut, plu à tous ses habitants. 'Elle avait un taux extrêmement élevé de crimes violents et était considérée comme l'une des villes les plus dangereuses du pays', a-t-il affirmé. 'Depuis qu'une puissante barrière a été mise en place, El Paso est devenue une des villes les plus sûres du pays'.
Sauf que cette description de cette ville texane située à plus de 3000 kilomètres de Washington ne résiste pas à l'analyse des chiffres. La construction d'une barrière a bien eu lieu sur place en 2008/2009. Or, sur les 30 dernières années, le pic de la criminalité se situe au milieu des années 90, avec une baisse d'environ un tiers des crimes violents entre 1993 et 2006.
'El Paso est l'une des communautés les plus sûres des Etats-Unis, et ce depuis bien avant que le mur soit construit', a souligné l'élue démocrate Veronica Escobar, qui estime que le président américain doit des excuses aux habitants. 'Cette désinformation fait des dégâts', a-t-elle ajouté.
Tout au long de son discours à El Paso, Donald Trump a une nouvelle fois multiplié les attaques contre les journalistes. 'Les soi-disant fact checkers font partie des gens les plus malhonnêtes au sein des médias', a-t-il lancé devant une foule de casquettes 'Make America Great Again'.
Délai au 15 février
Le 25 janvier, après plus d'un mois de paralysie partielle touchant quelque 800'000 fonctionnaires, un accord avait été trouvé pour mettre fin au plus long 'shutdown' de l'histoire des Etats-Unis - plus d'un mois. Mais le répit n'a été que temporaire, et la nouvelle échéance, fixée au 15 février, est déjà là.
Depuis plusieurs semaines, la Maison Blanche brandit la menace d'un recours à une procédure d'urgence exceptionnelle pour débloquer les fonds nécessaires sans passer par le Congrès. Une loi de 1976, le 'National Emergencies Act', autorise en effet le président des Etats-Unis à invoquer une 'urgence' nationale pour activer des pouvoirs extraordinaires.
Conscient qu'une telle initiative, qui ne fait pas l'unanimité dans son camp, ne manquerait pas de déclencher une féroce bataille politico-judiciaire, Donald Trump s'est jusqu'ici gardé de franchir le pas.
/ATS