Les Verts veulent aller de l'avant après l'échec de la loi sur le CO2. Leur président Balthasar Glättli a estimé samedi devant les délégués que la Suisse peut relever le défi du changement climatique en développant la démocratie sans créer de fractures sociales.
Devant l'assemblée des délégués samedi à Fribourg, Balthasar Glättli a prôné l'instauration d'un conseil des citoyennes et citoyens tirés au sort et représentatif de l'ensemble de la société. Le président des Verts estime que cet organe pourrait apporter des solutions démocratiques à la fois plus rapides et plus courageuses dans l'élaboration de la politique climatique.
Ce conseil serait doté de compétences contraignantes, en tant que 3e Conseil aux côtés du National et des Etats. 'Un tel Conseil citoyen tiré au sort fonctionnerait comme une Suisse miniature', a comparé Balthasar Glättli. Une procédure aléatoire veillerait à une représentation équilibrée.
'Nous sommes la première génération à ressentir les effets du dérèglement climatique dans sa propre chair. Et la dernière à pouvoir encore y remédier'. Balthasar Glättli invite donc à intégrer au sein de la démocratie un tel Conseil de citoyennes et citoyens pour donner un coup d'accélérateur à la politique climatique.
'Notre démocratie est probablement trop lente pour maîtriser le défi de ce siècle qu'est le réchauffement climatique. Nous devons la rendre plus courageuse', estime Balthasar Glättli. Evoquant le rapport alarmiste du GIEC, le président des Verts insiste sur l'urgence de la situation.
Plus audacieux
Ce corps politique oserait 'poser des questions plus audacieuses que la majorité parlementaire', poursuit-il, dans une interview parue samedi dans La Liberté, Arcinfo, le Journal du Jura, le Nouvelliste et le Quotidien jurassien. Il 'permettrait une délibération libre de personnes qui n'ont pas peur de ne pas être réélues'.
Balthasar Glättli rappelle l'existence d'essais au niveau local en Suisse, comme à Uster, dans le canton de Zurich. 'Je propose que ce conseil des citoyennes et citoyens ait les mêmes compétences que les commissions parlementaires, qui peuvent agir très vite au besoin', ajoute-t-il. Selon lui, le conseil devrait aussi avoir les mêmes pouvoirs qu'un comité d'initiative, mais seulement en cas de large majorité.
Parole à la société
Mais pour agir, il faut aussi selon le conseiller national zurichois élargir la démocratie. Il plaide donc pour l'abaissement durant cette législature du droit de vote à 16 ans. 'Les 16 et 17 ans vont nous aider à faire preuve de davantage de courage et de célérité dans nos actions'.
Mais le président des Verts va plus loin en demandant que toutes les personnes qui vivent en Suisse doivent obtiennent le droit de vote, et cela indépendamment de la couleur de leur passeport. Dénonçant à mots couverts la politique migratoire de l'UDC, il estime qu'il faut inclure tout le monde et ne pas restreindre la démocratie.
Deux autres axes
Faire participer plus largement la population au processus de délibération politique n'est que la dernière étape du 'plan en trois étapes' des Verts après l'échec de la révision de la loi sur le CO2, rejetée en juin par près de 51% des votants. La première est de 'sauver ce qui n'était pas contesté dans cette loi', un travail qui incombe au Parlement après sa ratification de l'Accord de Paris.
'Je pense là notamment aux objectifs de réduction des émissions moyennes de la flotte des voitures importées', précise M. Glättli. La 2e étape est de 'saisir l'occasion du traitement par le Parlement de l'initiative populaire pour les glaciers afin de construire un contre-projet ambitieux et pouvoir ainsi agir rapidement'.
Outre ce plan en trois axes, M. Glättli prône davantage d'investissements de la part des collectivités publiques pour accélérer la transformation énergétique. 'Il faut aussi innover. En matière de transports par exemple, on peut imaginer des taxis publics ou le développement des systèmes de partage de voitures'.
/ATS