L'action Credit Suisse a brièvement atteint lundi un nouveau plus bas historique, tirée à la baisse par les craintes des investisseurs de voir le numéro deux bancaire helvétique sombrer.
La banque a réitéré la date du 27 octobre pour annoncer sa refonte, mais elle pourrait bien être obligée à sortir du bois plus tôt que prévu.
A 10h36, le titre Credit Suisse chutait de 9,1% à 3,615 francs, dans un indice SMI en repli de 1,31%. La nominative se reprenait quelque peu après avoir enfoncé un nouveau plancher à 3,581 francs, un cours historiquement bas. Depuis le début de l'année, l'action a plongé de plus de 56%.
Vendredi soir, la banque avait tenté de rassurer ses employés, face aux nombreux déboires. 'Nous sommes en train de restructurer Credit Suisse à long terme pour un avenir durable - avec un potentiel important de création de valeur', avait martelé le nouveau directeur général Ulrich Körner dans un document interne à l'attention de ses employés, consulté par l'agence AWP.
Le dirigeant, qui avait répété que les détails de la transformation de la banque aux deux voiles seront dévoilés le 27 octobre, a aussi souligné que le groupe se trouvait 'à un moment critique'. L'établissement se trouve néanmoins 'en bonne voie' avec son projet de transformation et bénéficie toujours d'un niveau de fonds propres et de liquidités 'solides'.
Les marchés ne l'ont cependant pas entendu de cette oreille, comme l'a expliqué Ipek Ozkardeskaya. L'analyste senior de Swissquote a rappelé que le cours des couvertures de défaillance ('Credit Swap Default', CDS) sur cinq ans pour Credit Suisse s'était envolé à 250 points de base, contre 60 points au début de l'année, signe de la nervosité grandissante des marchés.
Un miracle
'Cela signifie que le marché prend fortement en compte une défaillance de l'une des plus grandes banques suisses', a souligné Mme Ozkardeskaya. 'Est-ce que cela est possible? Oui, c'est possible, mais cela est très incertain', Credit Suisse faisant partie des établissements dits systémiques et donc soumis à de rigoureuses exigences de fonds propres et de liquidités.
Soit la banque parvient à se redresser, ce qui équivaut à 'un miracle', soit elle se fait racheter par un concurrent ou sauver par la Confédération, a énuméré l'analyste.
Kian Abouhossein de JP Morgan est cependant plus confiant, rappelant qu'à la fin du deuxième trimestre la banque affichait un niveau suffisant de fonds propres et de liquidités, avec un ratio de fonds propres 'durs' (CET1) à 13,5% et un niveau de couverture des liquidités de 191%. Credit Suisse compte ainsi 727 milliards de francs d'actifs, dont 159 milliards en numéraire.
La situation semble néanmoins tendue à la Paradeplatz, le Financial Times ayant rapporté que la direction de Credit Suisse a passé le weekend à tenter de rassurer ses gros clients et investisseurs sur sa stabilité financière. La banque aurait réfuté de récents articles de presse sur une éventuelle augmentation de capital, a ajouté le journal britannique, citant un cadre de la banque.
/ATS