L'hépatite E progresse en Suisse. Une augmentation des cas a été récemment constatée au Tessin. Une situation suffisamment alarmante pour que le centre de médecine hépatique du Tessin organise jeudi un congrès médical sur la question.
Cette maladie infectieuse du foie causée par un virus a été longtemps exclusivement considérée comme une affection liée aux voyages dans des pays au faible niveau d'hygiène. Mais ces dernières années, on a constaté une augmentation constante des cas en Europe. La Suisse n'échappe pas à cette tendance.
En décembre 2016, le Tessin a déclaré à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) une flambée d'environ 100 cas d'hépatite E survenue entre 2013 et novembre 2016. Selon une estimation, il pourrait y avoir 1500 nouveaux cas par année en Suisse, selon le site de l'OFSP.
Recherches nécessaires
Les données du Tessin indiquent que l'hépatite E pourrait représenter un risque pour la santé humaine en Suisse, a indiqué en septembre l'OFSP. Il a donc demandé aux instituts universitaires suisses d'élaborer des projets de recherche sur la question.
Sous nos latitudes, l'hépatite E se transmet par l'alimentation. Plusieurs tests menés au Tessin ont montré que les produits à base de porc ou de sanglier cru, comme la mortadelle, seraient un facteur de risque, selon le laboratoire cantonal pour la sécurité alimentaire.
Le Tessin a déjà sensibilisé les professionnels de la branche. Bouchers et restaurateurs doivent faire tester le foie de porc destiné à la consommation. Pour les préparations, ils peuvent aussi remplacer le porc par du foie de veau.
Recommandations suivies
Les bouchers sont aussi encouragés à utiliser du foie de porc cuit. Une cuisson de 20 minutes à 72 degrés permet en effet de tuer les agents pathogènes. Le chimiste cantonal du Tessin, Marco Jermini, présent au congrès de Manno, est très satisfait des résultats. La sensibilisation et les recommandations ont fait effet, a-t-il déclaré à l'ats.
Mais pour le chimiste cantonal, la prévention devrait intervenir bien plus tôt, en l'occurrence dans les porcheries et non au supermarché ou à la boucherie. En Suisse, 40% des porcs et 60% des exploitations d'engraissement porcines sont infectés, selon un rapport du laboratoire cantonal.
Une prévention au niveau des producteurs n'existe pas pour l'heure en Suisse. Comme les porcs sont des porteurs sains du virus, les éleveurs n'ont pas d'intérêt à prendre des mesures.
Risque minime, selon le Conseil fédéral
Le Conseil fédéral a déjà été interpellé sur la question par l'ancien conseiller national et désormais futur conseiller fédéral Ignazio Cassis (PLR/TI). A ce stade, le risque pour la population est jugé minime, avait-il répondu en juillet dernier. Mais il admettait la nécessité de surveiller l'évolution de la maladie.
L'hépatite E est une maladie aiguë qui se manifeste par de la fièvre, des douleurs musculaires et abdominales ainsi que des nausées. Plus rarement par une jaunisse, explique l'OFSP. La période d'incubation varie entre 2 et 6 semaines. On estime toutefois que plus de 90% des infections sont asymptomatiques, d'où la difficulté à cerner l'ampleur de la maladie.
Elle se guérit la plupart du temps sans traitement particulier. Mais elle est dangereuse pour les personnes à risque (seniors, transplantés, immunodéprimés, malades hépatiques). Elle peut plus rarement se caractériser par des complications neurologiques.
/ATS