Vincent Bolloré, mis en examen dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption pour l'obtention de concessions portuaires en Guinée et au Togo, conteste ces accusations. L'industriel français estime subir par ricochet des préjugés contre l'Afrique.
Pour l'homme d'affaires breton, qui s'exprime dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche pour la première fois depuis sa mise en examen mercredi, les suspicions à l'égard des activités en Afrique du groupe Bolloré résultent d'une vision biaisée de ce 'continent d'avenir' et d'un 'traitement inexact et condescendant des Africains'.
'En raison de campagnes véhiculant des informations fausses ou malveillantes', l'Afrique est considérée 'comme une terre de non-gouvernance, voire de corruption (avec) des chefs d'État décidant seuls d'accorder des contrats mirobolants à des financiers peu scrupuleux', écrit l'industriel dans cette tribune intitulée 'Faut-il abandonner l'Afrique ?'.
Conditions de reprise
Le PDG du groupe Bolloré a été mis en examen pour corruption d'agent public étranger, complicité d'abus de confiance et complicité de faux. La justice soupçonne des dirigeants de Bolloré d'avoir utilisé le groupe de communication Havas, alors filiale du groupe, pour faciliter l'accession au pouvoir de dirigeants africains et obtenir en contrepartie des concessions portuaires.
Les juges s'intéressent en particulier aux conditions de reprise par le groupe Bolloré de la concession du port de Conakry, en Guinée, et de la gestion d'un terminal de conteneurs du port de Lomé, au Togo.
'Comment imaginer que des dépenses de communication de quelques centaines de milliers d'euros comptabilisées en toute transparence avec un groupe de communication de taille et de réputation mondiale, aient déterminé des investissements de centaines de millions d'euros pour des opérations portuaires (ayant fait l'objet) d'appels d'offres internationaux ?', écrit Vincent Bolloré dans l'hebdomadaire dominical.
Il affirme que ces appels d'offre ont été en outre 'réalisés dans un cas, deux ans, dans l'autre, neuf ans avant les élections' d'Alpha Condé en Guinée et de Faure Gnassingbé au Togo en 2010. Le groupe Bolloré avait déjà nié toute irrégularité en des termes comparables cette semaine.
'Lien d'amitié'
Il déclare craindre de voir la France briser le 'lien d'amitié' qui l'unit à ses anciennes colonies sur le continent africain 'par des procès en sorcellerie ou des inquisitions injustes et généralement disproportionnées, et par notre comportement vis-à-vis des autres pays parce qu'ils sont aujourd'hui moins puissants'.
'Je crois que dans un avenir proche, la France aura plus besoin de l'Afrique que l'inverse. J'espère que la France des Lumières que j'aime va ouvrir les yeux sur l'Afrique que je connais', conclut-il. Selon Vincent Bolloré, son groupe a investi près de quatre milliards d'euros en Afrique au cours des trois dernières décennies, contribuant à la création d''énormément d'emplois'.
Le groupe contrôlé par la famille Bolloré joue un rôle de premier plan en Afrique où il est présent dans 46 pays, exploite 16 terminaux à conteneurs ainsi que trois concessions ferroviaires et emploie 25'000 personnes. Moins médiatisée que d'autres activités de l'empire Bolloré comme les médias et ses 20% dans Vivendi ou les batteries électriques, la division transport et logistique a dégagé un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros sur le continent africain l'an dernier.
/ATS