Du bois d'Amazonie a été exporté par une entreprise brésilienne accusée d'être impliquée dans le massacre de 9 paysans en avril, selon un rapport de Greenpeace. Pour marquer symboliquement ses dires, l'ONG a dressé des dizaines de croix devant le Parlement à Brasilia.
'Aux personnes à travers le monde qui achètent du bois (de ces entreprises brésiliennes incriminées), écoutez-moi bien: cela va vous coûter le prix du sang de quelqu'un. Peut-être le mien, celui de mes camarades ou de mes amis déjà partis. Nous ne voulons pas mourir pour défendre la forêt', a déclaré Iselda Pereira Ramos, une agricultrice de l'état de Rondonia (ouest du pays), présente pour dénoncer la situation.
Dans son rapport publié mardi, l'ONG déplore l'achat de 'bois teinté de sang' par des pays comme la France et les États-Unis. Ce manque de régulation permet l'impunité des responsables de la déforestation du 'poumon de la planète'. Or, la responsabilité des entreprises étrangères est aussi engagée: les normes américaines et européennes sur les importations de bois sont selon Greenpeace rarement appliquées.
Massacre, cavale et exportations
Les autorités brésiliennes accusent le propriétaire de la compagnie Madeireira Cedroarana, Valdelir Joao de Souza, d'avoir envoyé un escadron de la mort surnommé 'les encagoulés' attaquer de petits paysans occupant des terres riches en bois qu'il convoitait, dans l'État du Mato Grosso (Centre-Ouest). Les victimes ont été torturées puis tuées par balles ou à l'aide de machettes.
Le chef d'entreprise est en cavale, mais 'ses exportations de bois continuent sans entrave, comme Greenpeace l'a constaté sur le terrain en juillet 2017', affirme le rapport. Et l'ONG de citer un grand nombre d'exportations en provenance de la société le jour du massacre, le 19 avril, ainsi que dans les mois qui ont suivi.
L'organisation écologiste ajoute que des compagnies de France, des Etats-Unis et des Pays-Bas étaient les principaux importateurs du bois de Madeireira Cedroarana l'an dernier. D'autres clients ont été localisés en Belgique, au Canada, en Allemagne, en Italie et au Japon.
Conflits terriens
Ce massacre de neuf paysans vivant dans une zone rurale isolée était particulièrement sordide, mais il est passé relativement inaperçu dans un pays qui recense près de 60'000 homicides par an.
Romulo Batista, spécialiste de l'Amazonie au sein de Greenpeace Brésil, déclare à l'AFP qu'en 2016, 61 meurtres avaient été commis au nom de conflits terriens ou en lien avec la protection forestière dans le pays, dont les trois quarts en Amazonie. Cette année, le record avait déjà été battu en septembre.
'Beaucoup de morts auraient pu être évitées si le problème de l'exploitation illégale de bois avait été pris au sérieux par le gouvernement brésilien ces dernières décennies', ajoute Greenpeace.
https://www.greenpeace.org.br/hubfs/Greenpeace_BloodStainedTimber_20 17.pdf
/ATS