Appel à soutenir le train de mesures pour les médias

Le comité interpartis 'La liberté d'opinion' a lancé lundi la campagne pour le 'oui' au train ...
Appel à soutenir le train de mesures pour les médias

Appel à soutenir le train de mesures pour les médias

Photo: KEYSTONE/PETER SCHNEIDER

Le comité interpartis 'La liberté d'opinion' a lancé lundi la campagne pour le 'oui' au train de mesures en faveur des médias. Le peuple se prononce le 13 février prochain sur ce soutien décidé par le Conseil fédéral et le Parlement mais attaqué par un référendum.

Les médias indépendants sont un fondement important de notre démocratie directe, a souligné en conférence de presse à Berne le comité. La liberté d’opinion a besoin d’une activité journalistique diversifiée, fondée et aussi critique.

Pour Stéphane Estival, directeur général du groupe romand ESH et président de l'association des éditeurs romands Médias Suisses, 'la chute des recettes publicitaires constitue un défi colossal pour l’industrie suisse des médias. Le journalisme de qualité manque de ressources importantes pour garantir des services médiatiques de base, en particulier dans les régions'.

Fonction démocratique menacée

Malgré leur importance pour la formation de l’opinion politique et le suivi des événements dans les régions, les médias suisses sont sous pression. La fonction démocratique des médias est 'gravement menacée'.

Le soutien va permettre de maintenir la diversité, et non pas mettre en péril leur indépendance comme le prétendent ses adversaires, a assuré M.Estival, dont le groupe contrôle les quotidiens Le Nouvelliste, Arcinfo et La Côte.

Le nombre de journaux est en diminution, la pluralité des médias se réduit: la Suisse traverse une crise des médias. La transformation numérique a bouleversé le modèle commercial des médias, une tendance négative accentuée par la pandémie Covid-19.

Pour cette raison, il est indispensable d'investir dans de nouveaux modèles d'affaires, par le biais d'un financement de transition, ce que les petites entreprises de médias, en particulier, ne sont guère en mesure de faire par leurs propres moyens, fait valoir le comité.

'Les médias suisses veillent à ce que la population reçoive quotidiennement des informations pertinentes et fiables, et ce dans toutes les régions linguistiques. Cela constitue un service public important', a relevé Martina Gammeter, éditrice du journal grison bilingue Engadiner Post. 'Ce n'est pas une obole que je demande. Le soutien offre une perspective à de nombreux médias régionaux'.

Les médias favorisent le débat

'Il n’y a guère d’autre pays où le peuple peut participer aussi intensément à la vie politique. C’est pourquoi des médias forts et indépendants, informant la population de manière fiable et équilibrée, sont indispensables en Suisse', a illustré le conseiller national Matthias Aebischer (PS/BE).

En Suisse, pays à structure fédéraliste, la formation d’une libre opinion est également importante au niveau des cantons et des communes. Les médias locaux et régionaux favorisent les débats et contribuent à la cohésion du pays.

Lors d'une visite récente à Appenzell Rhodes-Extérieures, les autorités locales lui ont rapporté que le canton ne compte plus de rédaction locale, le premier en Suisse dans ce cas. 'Depuis un an, plus aucun journal ne rapporte l'actualité locale. Ce scénario pourrait se répéter dans d'autres cantons', a averti M.Aebischer.

La survie d’un grand nombre de petits journaux, radios privées et chaînes de télévision est en jeu. Pendant ce temps, les géants numériques comme Facebook, Google ou TikTok ne cessent d’accroître leur avance. 'Avec environ 2 milliards de francs de recettes publicitaires par an, ces groupes mondiaux privent le journalisme en Suisse de sa base financière', déclare la conseillère nationale Isabelle Pasquier-Eichenberger (Vert-e-s/GE).

Contrer la désinformation

Et d’ajouter: 'A l’heure des fake news et de la désinformation, le journalisme de qualité et la pluralité des médias sont plus importants que jamais'. Les médias ne peuvent fournir un travail rédactionnel indépendant que s’ils ne sont pas économiquement menacés.

Le conseiller aux Etats Josef Dittli (PLR/UR), dont le parti est majoritairement contre le train de mesures, a souligné qu'avec le financement transitoire limité dans le temps, les parlementaires ont choisi une approche libérale fondée sur le bon sens. Ce soutien s’oriente clairement sur le marché et aide avant tout les petites entreprises de médias régionales à retrouver une indépendance financière saine.

L’Etat et les médias restent clairement séparés, il n’existe aucune directive ni aucun mandat de prestation pour les éditeurs. Le soutien bénéficie dans la même mesure à tous les titres de presse, qu’ils soient progressistes ou conservateurs, aux radios tout comme aux médias en ligne, ainsi qu’aux publications d’associations, de fondations à but non lucratif et de partis, qu’elles soient de gauche ou de droite.

Le comité interpartis 'La liberté d’opinion' compte dans ses rangs près de 90 parlementaires, 80 chefs et cheffes d’entreprises de médias ainsi que 20 organisations telles que Reporters Sans Frontières Suisse, les Radios Régionales Romandes et Telesuisse ou encore le Groupement suisse pour les régions de montagne.

/ATS
 

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