Le transport dans l’espace alpin doit devenir climatiquement neutre d’ici 2050. Les pays alpins se sont engagés jeudi à Brigue (VS) pour un plan d'action allant dans ce sens par un paraphe symbolique, l'Italie ne pouvant pas signer pour l'heure.
Les transports marchandises et voyageurs constituent l’un des facteurs du réchauffement climatique avec près de 30% des émissions de gaz à effet de serre. Dans les Alpes, ce dernier se manifeste deux fois plus fortement qu’en moyenne mondiale avec 'des répercussions directes que presque aucune autre région d'Europe ne connaît', a indiqué devant la presse Maria Lezzi, directrice de l'Office fédéral du développement territorial (ARE) qui représente la Suisse, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga étant absente cette semaine.
Face à ce constat, et réunis sous le nom d''Alliance du Simplon', les ministres de l’environnement et des transports des pays alpins (Suisse, Allemagne, France, Italie, Autriche, Slovénie et les principautés du Liechtenstein et de Monaco), se sont engagés, à l'initiative de la Suisse, à prendre des mesures conjointes et concrètes dans les domaines des transports marchandises et de personnes ainsi que dans ce qui touche à la mobilité touristique et de loisirs.
Jeudi, des représentants des huit pays étaient à Brigue. Ils n'ont pas pu apposer leur paraphe sur le document prévu - cela sera fait ultérieurement - car le représentant italien ne pouvait pas signer. 'L'Italie ne remet pas en question l'Alliance ou le plan d'action', a expliqué à Keystone-ATS un porte-parole de l'ARE. Le problème serait formel et lié à la formation en ce moment du nouveau gouvernement italien. 'L'Italie a assuré qu'elle signerait le document dans les prochains jours', a complété le porte-parole.
Quelles mesures concrètes?
L'Alliance du Simplon pourra par exemple instaurer un abonnement aux transports publics valable dans tout l’arc alpin, multiplier des stations de recharge pour véhicules électriques, ou promouvoir les trains de nuit, illustre la Confédération. Il s'agira aussi de créer un label accordé aux destinations neutres en CO2.
En ce qui concerne le transport de marchandises, les pays alpins veulent intensifier son transfert vers le rail et discuter de la mise en place d'une taxe alpine à imposer aux véhicules utilitaires lourds. Ils veulent aussi promouvoir le remplacement des camions à essence et à diesel par des véhicules sans émission.
Par ces mesures, les huit pays espèrent ainsi réduire les émissions de CO2 et visent une mobilité plus respectueuse du climat, avec des transports dans l’arc alpin qui devraient devenir climatiquement neutres d’ici 2050. Interrogé sur un éventuel calendrier, Ulrich Seewer, sous-directeur de l'ARE, a précisé à Keystone-ATS que les étapes pour arriver à cette neutralité carbone 'ne sont pas encore fixées'.
'Le plan d'action élaboré est une déclaration d'intention. Des monitorings sur nos avancées sont prévus', a relevé Maria Lezzi. Le document n'est pas juridiquement contraignant mais 'il est important que nous agissions ensemble', poursuit-elle encore. L'Alliance du Simplon réunit les Etats membres de la Convention alpine et du Suivi de Zurich. Ces deux organes sont présidés cette année par la Suisse.
'Pas assez ambitieux'
Contactée l'Initiative des Alpes, association qui se mobilise depuis 1989 pour la protection des Alpes, a aussi contribué avec des propositions concrètes à l'élaboration du plan d'action de l'Alliance du Simplon, mais son directeur, Django Betschart, porte un regard mitigé sur le résultat final.
Les mesures ont été formulées de manière 'très vague', souligne ce dernier. Il manque un plan de mise en œuvre avec une attribution claire des tâches et des objectifs d'étape. Par ailleurs, relève-t-il, viser 2050 'n'est pas assez ambitieux'. L'association plaide pour que le trafic dans et à travers les Alpes soit totalement décarboné d'ici à 2040, rappelant que 'les lignes ferroviaires existent déjà'.
Plus précisément concernant le trafic marchandises, l'Initiative des Alpes et la Commission internationale pour la protection des Alpes (CIPRA) estiment qu'il manque un instrument pour limiter le nombre de camions qui traversent la zone. Les deux organisations auraient en outre souhaité que l'Alliance du Simplon inclue aussi l'engagement d'interdire le transport de marchandises dangereuses sur les principaux passages alpins.
/ATS