Le capitaine ukrainien d'un navire de croisière, impliqué dans une collision mortelle avec une embarcation transportant des touristes sud-coréens sur le Danube en mai 2019, a été condamné mardi à cinq ans et demi de prison en Hongrie.
Iouri Caplinskij, 68 ans, a été reconnu coupable de 'mise en danger' dans le cadre du code fluvial, 'ayant entraîné de nombreux décès', a déclaré la juge du tribunal de Budapest, Leona Nemeth.
Il a en revanche été acquitté des accusations de 'non-assistance à personne en danger'. Avant la lecture du jugement, le commandant a exprimé ses 'immenses regrets'.
'Je ne trouve pas le sommeil la nuit. Les souvenirs de cette terrible tragédie ne me laissent pas une minute de repos et me hanteront durant le reste de ma vie', a-t-il déclaré à la barre en ukrainien, visiblement dévasté, devant une salle comble.
Sept survivants
Le 29 mai 2019, il pilotait le 'Viking Sigyn', de la compagnie Viking Cruises basée à Bâle en Suisse, quand il a heurté de plein fouet le 'Sirène'. Ce bateau d'excursion transportait 33 Sud-Coréens et deux membres d'équipage hongrois.
Seuls sept touristes ont survécu au naufrage survenu au coeur de la capitale hongroise, près du Parlement.
Les corps de 27 victimes ont été retrouvés au fil de plusieurs semaines de recherches. Une femme reste portée disparue quatre ans et demi après l'accident, le plus grave depuis plus d'un demi-siècle dans le pays d'Europe centrale.
Des images de vidéosurveillance avaient montré le 'Viking Sigyn', imposant navire de 135 mètres et 2000 tonnes, foncer à grande vitesse sur le 'Sirène', embarcation de 26 mètres.
Elle a alors coulé en quelques secondes, dans une eau d'une température de 10 à 15 degrés Celsius.
Négligente distraction
Selon les procureurs, le capitaine était distrait et a fait preuve de négligence, ne parvenant pas à ralentir à temps.
Il lui était en outre reproché de n'être pas venu en aide aux naufragés tombés à l'eau ou piégés à bord. Son avocat Gabor Toth s'est félicité 'd'avoir au moins réussi à convaincre le tribunal' qu'il ne s'agissait pas là 'd'un acte délibéré'.
Dans une déclaration écrite lue pendant le procès, qui s'était ouvert en mars 2020, Iouri Caplinskij a expliqué ne pas avoir remarqué le bateau et pensait avoir touché du bois flottant à la surface, selon le journal Blikk.
Quand il a compris ce qui se passait, il était sous le choc et a laissé les commandes au second officier, a-t-il raconté.
'En tant que capitaine d'un bateau, vous avez des obligations (...) Ce n'est pas un jouet et quiconque le pilote doit avoir toute sa raison', a réagi après la décision Me Zsolt Sogor, représentant la compagnie Panorama Deck qui opérait le bateau naufragé.
/ATS