Le président de la Confédération Guy Parmelin appelle la communauté internationale à rester « prudente » après les signaux de relance économique. Devant les Etats de l'OIT, il s'est dit lundi favorable à un Forum international pour une reprise centrée sur l'être humain.
« La pandémie n'est pas encore derrière nous », a insisté le président au début du segment principal de la 109e Conférence internationale du travail, organisée cette année en ligne. « Une grande partie de la population mondiale souffre encore de manière disproportionnée. De plus, on assiste à un fléchissement de la courbe de la productivité », a-t-il affirmé.
Les gouvernements devront tous faire face aux « dégâts » pour le marché de l'emploi, selon M. Parmelin. Il appelle à poursuivre l'investissement dans l'innovation.
La semaine dernière, l'Organisation internationale du travail (OIT) avait dit s'attendre à un chômage de près de 5,8% pour l'année prochaine dans le monde, soit 205 millions de personnes, contre 187 millions avant la crise. Un retour à la situation d'avant la pandémie n'est pas attendu avant 2023.
L'année dernière, plus de 250 millions d'équivalents plein temps ont été perdus. Cette année, ce chiffre devrait atteindre 100 millions. Autre problème, des données sur le travail des enfants et le travail forcé, qui s'annoncent inquiétantes depuis la pandémie, doivent être publiées jeudi.
Demande d'une « véritable réponse mondiale »
Pour tenter d'amorcer une réponse internationale, les 187 membres de l'OIT, dont chacun est représenté par son gouvernement et les partenaires sociaux, doivent eux négocier une déclaration politique dans les prochaines semaines. Après la Déclaration du centenaire il y a deux ans, le directeur général de l'OIT Guy Ryder a dit souhaiter à nouveau un texte très important, centré sur l'être humain. Un Forum international pourrait avoir lieu. M. Parmelin est favorable mais appelle à des initiatives concrètes avant ce format.
Plus largement, le président de la Confédération a affirmé que la Suisse a renouvelé récemment son accord cadre de coopération avec l'OIT sur le développement durable. « Nous développons un nouveau programme sur la productivité et le travail décent », a-t-il ajouté. Après un premier segment pendant près de deux semaines, les membres se retrouveront en novembre pour la seconde partie de la conférence.
De son côté, M. Ryder a relevé l'importance de cette première réunion des Etats membres depuis le début de la pandémie, qui rassemble plus de 4300 délégués à distance. Les responsabilités ne pourraient être « plus lourdes » et les attentes « plus grandes » qu'en cette période de crise.
Sans les nombreux milliards de dollars que les gouvernements ont dépensés pour soutenir les entreprises et les travailleurs, « les dommages auraient été trois fois plus importants qu'ils ne l'ont été », a affirmé le directeur général. La crise a montré que le monde du travail « n'était pas prêt » et a révélé également les nombreuses inégalités dans la société, a encore insisté M. Ryder. Il a appelé à « une véritable réponse mondiale ». Et à continuer à attribuer les ressources différemment.
/ATS