Après Neuchâtel la semaine dernière et Genève lundi, le Grand Conseil vaudois a repris ses travaux mardi après-midi à Yverdon-les-Bains dans la grande salle de la Marive. Une séance commandée par l'urgence, mais qui ne signifie pas un retour à la normale.
Après deux mois d'interruption, les députés n'ont pas boudé leur plaisir de revoir leurs pairs, même à bonne distance et en respectant les précautions d'usage. 'Le politicien est un animal social. Cela fait plaisir de se voir en vrai après toutes ces heures de vidéoconférences', a déclaré le député Axel Marion, du groupe PDC-Vaud libre.
'C'est la vie qui reprend, dans toute son acceptation', a relevé l'UDC Jean-Luc Chollet. 'Nous allons recommencer à nous engueuler comme avant, ça aussi c'est la vie'. Le socialiste Pierre Dessemontet s'est dit plus que satisfait que la deuxième ville du canton devienne un temps la première grâce à ses infrastructures d'accueil.
'Nous sommes très à l'aise dans cette salle', a déclaré la PLR Catherine Labouchère. Les trois pouvoirs doivent s'exercer. Il faut s'habituer à vivre avec le virus, a-t-elle glissé.
Ne pas revenir à l'anormal
Les politiciens, qui sont arrivés tranquillement sur une esplanade surveillée par de nombreux policiers, ont également été reçus par un comité d'accueil du mouvement Extinction Rebellion. Une vingtaine d'activistes en noir ont demandé aux élus de ne pas 'revenir à l'anormal'.
Leur message: si des mesures sanitaires ont été prises efficacement face à la menace du Covid-19, il devrait en être de même à propos de l’urgence climatique, largement plus menaçante à leurs yeux.
Les manifestants ont déposé 250 paires de chaussures vides sur la place. Elles symbolisent les morts du Covid-19, les personnes oubliées, les petites gens, ceux qui devraient avoir le droit de manifester mais ne le peuvent pas, mais aussi les futures victimes du dérèglement climatique, a expliqué un membre de XR.
Pour les victimes
Les députés ont pris possession de la large salle qui permet d'assurer le respect des distances sociales dans une ambiance empreinte d'une certaine solennité et en présence du gouvernement in corpore.
Une minute de silence a été dédiée aux victimes du Covid-19. L'assemblée s'est également levée pour applaudir deux personnes qui ont été assermentées en petit comité: le député Bernard Nicod et la conseillère d'Etat Christelle Luisier.
'Il ne s'agit pas d'un retour à la normale', a déclaré Sonya Butera, vice-présidente du Parlement vaudois. 'En réalité, le plénum a entamé un processus de déconfinement'.
La priorité est donnée aux objets urgents et à l'adoption de crédits d'ouvrage qui permettront à l'Etat maître d'oeuvre de contribuer à la relance de l'économie. 'Chaque minute de ces prochaines séances est précieuse', a-t-elle signifié.
Lieu sécurisé
Dans la salle, tout a été mis en oeuvre pour protéger les personnes physiques. Des mesures supplémentaires ont été mises en place pour les plus vulnérables, qui disposent d'un espacement plus grand entre les tables.
La prise de parole se fait de sa propre place. Les députés disposent chacun d'un micro et du vote électronique, une réplique de l'équipement dont ils disposent à la Cité, a indiqué le secrétaire du Grand Conseil Igor Santucci.
'Nous voulons la députation la plus stationnaire possible; un certain nombre d'habitudes devront être perdues. 'Il faut éviter que le Grand Conseil ne devienne un lieu de contagion', a souligné Mme Butera. C'est pourquoi les séances sont prévues toutes les deux semaines l'après-midi, une périodicité qui tient compte du temps d'incubation du coronavirus.
Le dispositif a été validé par le médecin cantonal. A noter que pratiquement personne n'a porté un masque et que six députés seulement se sont excusés pour cette séance.
/ATS