L'adolescente afghane retrouvée sans vie début 2020 à Yverdon a bel et bien été assassinée par son ancien petit ami. Telle est la 'conviction absolue' du Tribunal criminel du Nord vaudois, qui a condamné cet homme à 20 ans de prison et à un internement ordinaire.
Le corps de la jeune fille de 17 ans, portée disparue depuis plusieurs jours, avait été découvert le 6 janvier 2020, dissimulé dans des roseaux au bord du lac. Des lacets avaient été noués autour de son cou pour l'étrangler.
Son copain de l'époque, avec qui elle souhaitait rompre, avait été arrêté quelques jours plus tard. Egalement d'origine afghane, l'accusé était d'abord passé aux aveux, avant de se rétracter et de clamer son innocence durant son procès.
Pour la cour toutefois, la culpabilité de cet homme de 22 ans ne fait aucun doute. Les juges ont tenu compte 'd'un faisceau d'indices dense et d'éléments convergents', rappelant notamment que des traces d'ADN avaient été retrouvées sur les lacets et qu'une promeneuse avait vu les deux adolescents peu avant le crime.
Les relevés de téléphonie et une caméra de vidéosurveillance ont aussi convaincu les juges. Tout comme les aveux initiaux du prévenu, jugés 'crédibles' contrairement aux rétractations 'invraisemblables' qui ont suivi.
Crime 'odieux et perfide'
Pour le Tribunal, l'accusé a tué sa petite amie 'de crainte qu'elle ne lui échappe'. Ne supportant pas la rupture, 'il s'est senti blessé dans la haute estime qu'il a de lui-même', a déclaré le président Donvan Tésaury.
Ce crime s'est avéré 'particulièrement odieux', a-t-il affirmé. Et d'ajouter qu'il avait tué 'avec perfidie', tendant 'un guet-apens' à sa victime. C'est en effet en prétextant lui faire essayer un collier qu'il lui avait passé les lacets autour du cou pour l'étranger.
La Cour a aussi dit avoir été frappée par 'l'attitude glaçante' du prévenu durant son procès, par 'sa morgue' ainsi que par son 'manque d'empathie' vis-à-vis de la famille de la victime.
Donovan Tésaury a même souligné que le Tribunal aurait pu prononcer une peine de prison à vie, s'il n'avait pas tenu compte 'du jeune âge de l'accusé et de son histoire migratoire.'
Risque de récidive
Outre les 20 ans de prison, dont presque trois ont déjà été purgés en détention provisoire, les juges ont opté pour un internement ordinaire, une mesure prononcée lorsque la peine privative de liberté ne suffit pas pour écarter le risque de récidive.
En l'occurrence, 'l'absence de remise en question' et 'les graves troubles de la personnalité' du prévenu font 'sérieusement craindre' une récidive, ont estimé les juges yverdonnois. Ils se sont notamment référés à l'expertise psychiatrique, qui a décelé 'des dimensions perverses et paranoïaques' chez l'accusé.
Le Tribunal a encore prononcé une expulsion de 15 ans de l'espace Schengen, lorsque le ressortissant afghan recouvra la liberté. Il a aussi été condamné à verser 75'000 francs à la famille de la victime pour tort moral.
Appel de la défense
Suivie sur toute la ligne, la procureure Claudia Correia a dit sa satisfaction. Et notamment sur la mesure d'internement qui permet de 'garantir la sécurité publique.' Ce jugement constitue aussi une 'reconnaissance de la douleur de la famille', a-t-elle ajouté.
Du côté de la défense, Me Ludovic Tirelli a d'ores et déjà annoncé qu'il ferait appel. L'avocat, qui avait plaidé l'acquittement, a indiqué que son client 'maintenait sa position'. Il n'a pas voulu faire d'autres commentaires.
/ATS